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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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Je voudrais mourir, je voudrais être mort aujourd’hui.<br />

Elle était là, – contre moi, penchée sur ma poitrine, et<br />

pleurant d’émotion. Oui, lui ai-je dit, devant Dieu et les<br />

hommes, je promets de n’avoir point d’autre épouse ! – Arrêtez<br />

! s’est-elle écriée, Gaston n’est pas un parjure, et il promet<br />

devant Dieu une chose que rien ne peut rendre possible ! – Quel<br />

obstacle ? Moi ! Gaston ne peut pas être l’époux d’Adèle. Gaston<br />

n’est pas un homme du peuple, obscur et pauvre, l’époux, le seul<br />

époux qui convienne à mon état et à mon indigence. – Il sera<br />

l’époux d’Adèle, ai-je repris. Cette réparation est dans l’ordre de<br />

la Providence. J’acquitterai la dette de la société ! – Je l’ai dit,<br />

Édouard, et j’en jure l’honneur, il faut que ce dessein<br />

s’accomplisse !<br />

Nous étions si préoccupés que le crépuscule a failli nous<br />

surprendre dans le bois. En quittant mon Adèle, j’ai voulu, j’ai<br />

osé la presser encore dans mes bras. L’un des siens me repoussait<br />

faiblement, l’autre me pressait, peut-être !… Un éblouissement<br />

pareil à celui qui produirait la clarté d’un météore a toutà-coup<br />

troublé ma vue, ma tête s’est penchée, et ma bouche, te<br />

le dirai-je, a rencontré sa bouche ! Un trait de feu s’est élancé<br />

jusqu’à mon cœur. – Incomparable volupté ! C’est un baiser<br />

d’Adèle, l’empreinte, la douce empreinte de ses lèvres qui repose<br />

sur mes lèvres ! Oh ! je la conserverai entière, inaltérable !<br />

On ne l’effacera jamais ! Périsse le jour où je le profanerais, ce<br />

précieux sceau de l’amour, dans les baisers d’une autre femme ;<br />

où une bouche inanimée, insensible, me ravirait la fleur humide<br />

de ton baiser ! S’anéantisse mon âme avant que je commette ce<br />

sacrilège !<br />

Que le poids de mes sensations est difficile à supporter !<br />

Que j’ai quelquefois de regret à mes douleurs passées ? Qui aurait<br />

cru qu’il fallût tant de forces pour le bonheur !<br />

__________<br />

– 109 –

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