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THÉRÈSE AUBERT - ADÈLE - Bibliothèque numérique romande

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nière marque d’audace. Ils sortirent aussi animés l’un que<br />

l’autre, et se rendirent, après un court intervalle, dans un endroit<br />

propre à terminer leurs débats, tandis que ma mère éplorée<br />

attendait sa vie ou sa mort du résultat de cette affreuse contestation.<br />

« À peine sont-ils en présence que mon père jette son habit<br />

sur la terre, et découvre inconsidérément sa poitrine. Le noble<br />

cœur des Vendéens, seule décoration, vous le savez, de cette<br />

pieuse armée, frappe les yeux de son adversaire ; et celui-ci, saisissant<br />

avec une joie féroce l’occasion de perdre un ennemi sans<br />

payer de son courage, pousse une clameur au bruit de laquelle<br />

se réunissent une douzaine de brigands qu’il avait sans doute<br />

apostés en ce lieu pour le seconder dans quelque autre lâcheté.<br />

« Arrêtez ! s’écrie-t-il, c’est un officier royaliste, un ennemi de la<br />

république. » Mon père lutta vainement contre ces misérables ;<br />

on l’entoure, on le désarme, on le traîne dans un cachot.<br />

« Cependant, ma mère avait compté impatiemment les<br />

heures sans recevoir aucune nouvelle consolante, et elle se livrait<br />

à toute l’amertume de ses craintes, moins terribles que la<br />

vérité, quand un tumulte confus qui s’élevait de la rue, le roulement<br />

d’un tambour interrompu d’espace en espace, et la rumeur<br />

sourde des pas d’une troupe armée… Souffrez, monsieur Gaston,<br />

que je pleure librement devant vous. Il m’en coûterait trop<br />

de contenir ma douleur… Elle écoute, elle court, elle franchit les<br />

degrés, elle traverse la place, elle écarte le peuple, elle arrive au<br />

détachement, regarde, jette un cri et tombe.<br />

» – Angélique, mon Angélique, reviens à toi ! Sois digne de<br />

ton père et de ton ami ! Vis pour Adèle et pour ma mémoire !…<br />

Il parle sans être entendu. Les baisers qu’il dépose sur ses paupières<br />

ne la réveillent pas. Elle ne sent pas ses larmes. Déjà on<br />

les a séparés ; le tambour se tait, l’escorte s’arrête. Ma mère est<br />

revenue à elle ; ses yeux s’ouvrent, s’égarent, se promènent sur<br />

tout ce qui l’entoure. Elle est encore heureuse… elle ne se rap-<br />

– 101 –

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