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LES MISSIONS D'ADRIEN D'EPINAY

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souleva une indignation générale, Sir William Nicolay, tout dispose qu'il fût à appuyer Jeremie, ne<br />

pouvait le suivre dans cette voie sans compromettre à tout jamais sa propre carrière. Aux termes d'une<br />

ordonnance spéciale, assisté du Conseil Exécutif du Gouvernement, il prit connaissance des faits<br />

dénoncés et, après une longue et mûre investigation, il rejeta la récusation, le 17 février, en blâmant<br />

sévèrement Jeremie Le 10 mars commença en cour d'assises le fameux « procès du Grand Port» qui se<br />

termina, le 29 du même mois, par l'acquittement des accuses 61 .<br />

Le Secrétaire d'Etat n'attendit pas l'issue du procès pour prendre des sanctions contre Jeremie. Dès<br />

qu'il fut avisé de ses démarches pour obtenir la destitution de la Cour Suprême il décida de le destituer<br />

lui-même. Le 12 avril il le déclarait à une députation de commerçants anglais ayant des intérêts à<br />

Maurice que d'Epinay, incapable lui-même d'approcher le Secrétaire d'Etat, avait persuadé Irving de<br />

conduire au Bureau Colonial. En même temps il leur apprenait qu'il s'occupait d'un travail qui devait<br />

donner aux habitants de Maurice une participation plus grande à l'administration de leur colonie.<br />

L'issue du procès du Grand Port ayant montré qu'il n'y avait rien à reprocher aux habitants de<br />

Maurice, on pouvait espérer que le Secrétaire d'Etat s'empresserait de leur rendre enfin justice et de<br />

faire droit à leurs réclamations. Mais il n'en fut rien. On se montrait, il est vrai, plus aimable envers<br />

d'Epinay au Bureau Colonial où Lefevre le reçut plusieurs fois dans le courant d'avril, mais il n'obtenait<br />

toujours rien. Le 24 avril il adressa à Lefevre un mémoire où, une fois de plus, il exposait nettement les<br />

griefs et les demandes des habitants de Maurice. Toujours rien. Enfin, le 7 mai il se hasarda à demander<br />

une entrevue au Secrétaire d'Etat qui la lui accorda pour le 10. Ce jour-là Stanley lui répéta en<br />

substance ce qu'il avait déclaré le 12 avril à la députation conduite par Irving. Il ajouta que, dans quinze<br />

jours au plus tard, toutes les questions concernant l'île Maurice seraient réglées. Mais les quinze jours<br />

n'étaient pas expirés que Stanley se retirait du Bureau Colonial où il eut pour successeur M. Spring<br />

Rice. C'était jouer de malheur.<br />

Reçu au début de juillet, après bien des difficultés, par le nouveau Secrétaire d'Etat, d'Epinay<br />

fut surpris de s'entendre dire que les habitants de Maurice, satisfaits du rappel de Jeremie, ne<br />

demanderaient pas autre chose. Or ce rappel n'avait jamais été demandé à aucun moment ; ce que les<br />

Mauriciens n'avaient cessé de demander et ce qu'ils demandaient encore c'étaient des garanties contre<br />

les Jeremie et leurs pareils. Dès lors, d'Epinay, comprenant qu'il n'avait rien à espérer du Bureau<br />

Colonial, s'occupa de mettre en œuvre le seul moyen qui lui restait d'obtenir justice: une intervention au<br />

Parlement. Trop tard, malheureusement. M. Lloyd voulut bien s'en charger, mais Spring Rice parvint<br />

par des promesses à le faire différer de jour en jour sa motion jusqu'au moment de la clôture du<br />

Parlement. La partie était perdue.<br />

61<br />

Pour tons détails concernant ce procès voir Procès de cinq colons de Maurice accusés d'attentat ou complot tendant à<br />

renverser le gouvernement de la colonie, Maurice, Imprimerie du Mauricien, 1834.<br />

XXX

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