Revue belge de numismatique et de sigillographie

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de Triectum ou Trajectum ad Mosam et en langue vulgaire celui
de Tricht ou Maestricht.
Il me semble que ces considérations sont assez concluantes pour
démontrer que les monétaires mérovingiens n'ont pu fabriquer
leurs monnaies à Utrecht , et que ces pièces ne peuvent avoir été
frappées que dans l'atelier de Maestricht , d'autant plus que nous
savons positivement, par la charte de donation de 908 , qu'un atelier
monétaire existait alors à Maestricht, tandis que rien ne prouve
l'existence d'un pareil établissement à Utrecht avant que les évê-
ques de cette ville se mirent à monnayer en leurs noms.
L'examen des monétaires attribués à Utrecht démontre d'ailleurs
que ces pièces n'ont pu y être frappées, car si cette fabrication
eut existé dans la Frise, ce n'aurait été que depuis la conquête
par les Francks, en 697, jusqu'à l'époque de la donation de 720;
or , l'examen de ces monnaies démontre qu'elles appartiennent à
une époque antérieure, car depuis 700 jusqu'en 752, fin de l'épo-
que pendant laquelle les monétaires frappèrent monnaie, les ate-
liers mérovingiens ne produisirent plus que des pièces difformes
et dépourvues de légendes, triste résultat de la décadence qui
précéda l'usurpation des Carlovingiens.
Pour prouver l'existence d'un atelier mérovingien à Utrecht,
quelques auteurs citent une conquête de la Frise faite par les
Francks, en 600, conquête qui, selon eux, eut pour résultat la
destruction du château de Wiltenbourg ou Wiltabourg et l'érection
d'une église sur son emplacement. En admettant même comme
certaine cette expédition en Frise, comme nous retrouvons le
château de Wiltenbourg existant et les Frisons possesseurs de
toute la Frise peu de temps après celte époque, on peut hardiment
conclure que cette prétendue conquête ne fut qu'une expédition
qui eut plutôt pour but le pillage que la possession du pays des
Frisons.