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ACTES SFAP.qxd 09/01/03 17:36 Page 66 NOUVEAUX MORPHINIQUES DE NIVEAU 3 : QUEL INTERET POUR LES EQUIPES DE SOINS PALLIATIFS ? 1ERE PARTIE : HYDROMORPHONE ET OXYCODONE. Devalois B, Michelet S, Burbaud F, Bourzeix JV : UMASC Institut Curie 75005 Paris et EMSP - CHU Dupuytren 87000 Limoges. Bernard.devalois@curie.net L'introduction sur le marché français de nouveaux morphiniques oraux élargit l'arsenal thérapeutique à la disposition des équipes prenant en charge des patients et de l'oxycodone - Oxycontin ©. Leur place doit être précisée dans la pratique des équipes de soins palliatifs. Il n'existe actuellement aucune preuve d'une meilleure efficacité ou d'une meilleure tolérance de ces 2 molécules par rapport à la morphine orale qui reste donc la molécule de première intention (1, 3). L'utilisation de ces 2 nouveaux morphiniques entre donc dans le cadre de la théorie dite " de la rotation des opioïdes ". Il s'agit en fait de proposer le changement de molécules en cas d'échec de la morphine orale en rapport avec la survenue d'effets secondaires. Il existe un risque certain de mésusage et d'effets de mode. Avant tout, la notion d'échec de traitement par la morphine orale doit être analysée le plus précisément possible lors d'une réévaluation de la situation. Il faut vérifier qu'il s'agit bien d'une bonne indication de traitement morphinique (mécanisme nociceptif plutôt que neuropathique, composante sensorielle prédominante plutôt que composante émotionnelle, cognitive ou comportementale, douleur et non pas souffrance psychologique), que le traitement oral est bien conduit (doses de bases et doses de secours adaptées, respect des formes galéniques, etc.) et enfin que les effets secondaires allégués sont bien imputables à la morphine ou à ses métabolites (nausées, vomissements, constipation, sueurs, manifestations hallucinatoires - visuelles, auditives, olfactives - ou oniriques, etc…). Si, et seulement si, à l'issue de cette réévaluation, l'échec du contrôle de la douleur peut être imputé aux effets secondaires, il est licite de s'interroger soit sur le changement de morphiniques (rotation), soit sur le changement de voie d'administration (voie parentérale). Mais cela n'est pas logique si d'autres causes expliquent l'échec du traitement : mauvaises indications (=>mettre en place un traitement adapté : co-antalgiques, accompagnement, …), contrôle insuffisant de la douleur (=>réévaluation des doses), Accès Douloureux Paroxystiques (=>doses de secours adaptées - citrate de fentanyl transmuqueux - Actiq ©). Le changement de molécule morphinique à doses équianalgésiques suppose l'utilisation de valeurs précises d'équianalgésie. Malheureusement, celles-ci restent discutées et le ratio entre 2 produits varie selon les études et même selon le sens de la rotation (5,7). Il n'existe donc pas d'arguments décisifs permettant de fixer des règles précises pour le changement d'opioïdes (3). L'absence de commercialisation en France des formes à libération immédiate d'hydromorphone et d'oxycodone est très préjudiciable à l'intérêt pratique de ces produits. De plus la molécule qui est présentée comme la plus intéressante en alternative à la morphine est la méthadone (2, 4, 6). Malheureusement sa commercialisation à visée antalgique ne semble pas à l'ordre du jour en France ! En conclusion et conformément aux recommandations (R) de l'EAPC (1), il convient de réaffirmer que la morphine orale reste la référence en 1ère intention (R 1&2), que chez un petit nombre de patients il peut être nécessaire de changer d'opioïdes ou de voie d'administration en raison d'effets secondaires empêchant un contrôle satisfaisant de la douleur (R 16), que, dans ce cas (et seulement dans ce cas), l'hydromorphone et l'oxycodone peuvent être des alternatives intéressantes (R 17). Si ces recommandations sont correctement appliquées, on peut espérer que ces 2 nouvelles molécules contribueront à l'amélioration de la prise en charge des patients douloureux par les équipes de soins palliatifs. 1. Hanks et col. The EAPC recommandations. British Journal of Cancer. 2001;84(5), 587-593. 2. Mancini I, Lossignol A, Body JJ. Opioid switch to oral methadone in cancer pain. Current opinion in Oncology. 2000;12:308-313 3. Mc Quay H. Opioids in pain management. Lancet 1999;353 :2229-32. 4. Mercadante S, Casuccio A, Calderone L. Rapid switching from morphine to methadone in cancer patients with poor response to morphine. J Clin Oncol 1999;17(10):3307-12. 5. Portenoy RK, Lesage P. Management of cancer pain. Lancet 2001;357(S1). 6. Ripamonti C, Dicskerson ED, Strateges for the treatment of cancer pain in the new millenium.Drugs 2001;61(7):955-77. 7. Shah S, Hardy J. Oxycodone: a review of the literature EJPC. 2001;8(3).. NOUVEAUX MORPHINIQUES DE NIVEAU 3 : QUEL INTERET POUR LES EQUIPES DE SOINS PALLIATIFS ? 2EME PARTIE : CITRATE DE FENTANYL TRANS MUQUEUX (CFTM). Michelet S, Devalois B, Burbaud F, Bourzeix JV : UMASC Institut Curie 75005 Paris et EMSP - CHU Dupuytren 87000 Limoges. Bernard.devalois@curie.net Le citrate de fentanyl transmuqueux - Actiq ©, Laboratoire Lafon - fait l'objet d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU de cohorte) depuis 2001. Il est exclusivement réservé aux traitements des ADP (accès douloureux paroxystiques). Ceux-ci sont identifiés depuis plus de 10 ans comme des événements fréquents (65 % d'incidence chez les cancéreux douloureux dans l'étude princeps de Portenoy) et très gênants pour la qualité de vie des patients (4). L'intérêt de ce "comprimé avec dispositif pour application buccale" mérite d'être discuté dans le cadre des soins palliatifs du fait de ses particularités d'utilisation. Ce dispositif particulier est destiné à favoriser l'absorption transmuqueuse du fentanyl, liée à sa grande liposolubilité. C'est par cette voie que s'explique 25 % de la bio disponibilité du produit et surtout son profil pharmacocinétique presque comparable à une administration intraveineuse. Si le fentanyl est avalé avec la salive (notamment si le dispositif est sucé et non pas laissé contre la muqueuse une quinzaine de minutes) la bio disponibilité devient faible et surtout le profil pharmacocinétique sans aucun intérêt par rapport à la morphine orale. Il convient donc d'obtenir une parfaite compréhension et une parfaite collaboration du patient pour tirer bénéfice du dispositif. Le CFTM doit être exclusivement réservé à des patients 1) qui ne sont pas "morphine naïfs",2) avec des doses stables de morphiniques en dose de base, 3) qui présentent entre 1 et 4 ADP par jour. L'ATU française (de manière un peu incompréhensible) exige même "des patients stabilisés depuis au moins 3 semaines". Outre l'absence de justification claire, cela pose des questions éthiques car cela revient à imposer à un patient présentant des ADP d'attendre 3 semaines avant de lui proposer un traitement efficace ( ??? !!!). Il conviendra probablement de revoir rapidement ce point (qui semble un particularisme français) si l'on veut pouvoir utiliser ce produit. La dose efficace de CFTM doit être déterminée au cas par cas, en commençant systématiquement par le dosage le plus faible (200 µg, équivalent à 2 mg de morphine IV), et en augmentant (chaque jour) la posologie utilisée (de 200 à 1 600 µg) jusqu'à obtenir une efficacité suffisante pour traiter chaque ADP par un seul dispositif de CFTM. Cette question de la titration de la dose de CFTM, démontrée par plusieurs études (1,3,4) méritera probablement de nouveaux développements. Elle pourrait même déboucher sur la remise en cause du calcul systématique de 1/10 à 1/6 de la dose de base quotidienne pour la morphine en suggérant l'intérêt de faire également une titration pour en 72

ACTES SFAP.qxd 09/01/03 17:36 Page 67 déterminer la dose la plus efficace … L'intérêt du dispositif de CFTM par rapport à l'utilisation de morphine per os en dose de secours a été mis en évidence par une étude récente (randomisée, double aveugle, cross-over). Au vu de cette étude, il est clair que pour les patients concernés (mais ils sont peut être peu nombreux en soins palliatifs) et capables de répondre à l'ensemble des consignes complexes (ce qui en réduit encore le nombre) le CFTD est supérieur à l'utilisation de la morphine per os pour traiter les ADP. Cependant l'intérêt du dispositif de CFTM par rapport aux pompes d'analgésie contrôlée par le patient (PCA) lui permettant de s'administrer des bolus (sous-cutanés ou IV) de morphiniques reste à évaluer. Cette évaluation devra intégrer la question du coût (15 le dispositif de CFTM, jusqu'à 4/jours, soit 60 , versus 30 environ le coût journalier d'une pompe PCA à domicile, intégrant l'ensemble des coûts afférents). Elle devra également intégrer l'efficacité, la rapidité et la facilité de mise en œuvre, et surtout l'amélioration de la qualité de vie dont le malade reste le seul juge. Au total le dispositif de CFTM est un nouvel outil qui devra s'intégrer progressivement dans notre arsenal thérapeutique. Il nécessite un apprentissage de la part des soignants (qui doivent en apprendre les particularités) et de la part du patient (qui doit en apprendre l'utilisation et les précautions d'emploi draconiennes). Il ne concerne probablement qu'une minorité de nos malades en soins palliatifs mais peut leur apporter un service rendu très significatif. 1. Coluzzi et al. Breakthrough cancer pain: a randomized trial comparing OTFC and MSIR. Pain. 2001;91:123-130. 2. Hanks G. OTFC for the management of breakthrough pain. EJPC. 2001;8(1):6-9. 3. Payne R et al. Long term safety of OTFC for breakthrough cancer pain.JPSM.2001 ;22(1). 4. Portenoy RK et al. OTFC for the treatment of breakthrough pain in cancer patients: a controled dose titration study. Pain. 1999;79:303-312. 73

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NOUVEAUX MORPHINIQUES DE NIVEAU 3 :<br />

QUEL INTERET POUR LES EQUIPES DE SOINS PALLIATIFS ?<br />

1ERE PARTIE : HYDROMORPHONE ET OXYCODONE.<br />

Devalois B, Miche<strong>le</strong>t S, Burbaud F, Bourzeix JV : UMASC Institut Curie 75005 Paris<br />

et EMSP - CHU Dupuytren 87000 Limoges. Bernard.<strong>de</strong>valois@curie.net<br />

L'intro<strong>du</strong>ction sur <strong>le</strong> marché français <strong>de</strong> nouveaux morphiniques oraux é<strong>la</strong>rgit l'arsenal thérapeutique à <strong>la</strong> disposition <strong>de</strong>s équipes prenant en<br />

charge <strong>de</strong>s patients et <strong>de</strong> l'oxycodone - Oxycontin ©. Leur p<strong>la</strong>ce doit être précisée dans <strong>la</strong> pratique <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> soins palliatifs.<br />

Il n'existe actuel<strong>le</strong>ment aucune preuve d'une meil<strong>le</strong>ure efficacité ou d'une meil<strong>le</strong>ure tolérance <strong>de</strong> ces 2 molécu<strong>le</strong>s par rapport à <strong>la</strong> morphine<br />

ora<strong>le</strong> qui reste donc <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> <strong>de</strong> première intention (1, 3). L'utilisation <strong>de</strong> ces 2 nouveaux morphiniques entre donc dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

théorie dite " <strong>de</strong> <strong>la</strong> rotation <strong>de</strong>s opioï<strong>de</strong>s ". Il s'agit en fait <strong>de</strong> proposer <strong>le</strong> changement <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong>s en cas d'échec <strong>de</strong> <strong>la</strong> morphine ora<strong>le</strong> en<br />

rapport avec <strong>la</strong> survenue d'effets secondaires. Il existe un risque certain <strong>de</strong> mésusage et d'effets <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>. Avant tout, <strong>la</strong> notion d'échec <strong>de</strong><br />

traitement par <strong>la</strong> morphine ora<strong>le</strong> doit être analysée <strong>le</strong> plus précisément possib<strong>le</strong> lors d'une réévaluation <strong>de</strong> <strong>la</strong> situation. Il faut vérifier qu'il s'agit<br />

bien d'une bonne indication <strong>de</strong> traitement morphinique (mécanisme nociceptif plutôt que neuropathique, composante sensoriel<strong>le</strong> prédominante<br />

plutôt que composante émotionnel<strong>le</strong>, cognitive ou comportementa<strong>le</strong>, dou<strong>le</strong>ur et non pas souffrance psychologique), que <strong>le</strong> traitement oral est<br />

bien con<strong>du</strong>it (doses <strong>de</strong> bases et doses <strong>de</strong> secours adaptées, respect <strong>de</strong>s formes galéniques, etc.) et enfin que <strong>le</strong>s effets secondaires allégués sont<br />

bien imputab<strong>le</strong>s à <strong>la</strong> morphine ou à ses métabolites (nausées, vomissements, constipation, sueurs, manifestations hallucinatoires - visuel<strong>le</strong>s,<br />

auditives, olfactives - ou oniriques, etc…). Si, et seu<strong>le</strong>ment si, à l'issue <strong>de</strong> cette réévaluation, l'échec <strong>du</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> dou<strong>le</strong>ur peut être imputé<br />

aux effets secondaires, il est licite <strong>de</strong> s'interroger soit sur <strong>le</strong> changement <strong>de</strong> morphiniques (rotation), soit sur <strong>le</strong> changement <strong>de</strong> voie<br />

d'administration (voie parentéra<strong>le</strong>). Mais ce<strong>la</strong> n'est pas logique si d'autres causes expliquent l'échec <strong>du</strong> traitement : mauvaises indications<br />

(=>mettre en p<strong>la</strong>ce un traitement adapté : co-antalgiques, accompagnement, …), contrô<strong>le</strong> insuffisant <strong>de</strong> <strong>la</strong> dou<strong>le</strong>ur (=>réévaluation <strong>de</strong>s doses),<br />

Accès Douloureux Paroxystiques (=>doses <strong>de</strong> secours adaptées - citrate <strong>de</strong> fentanyl transmuqueux - Actiq ©). Le changement <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong><br />

morphinique à doses équianalgésiques suppose l'utilisation <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs précises d'équianalgésie. Malheureusement, cel<strong>le</strong>s-ci restent discutées et<br />

<strong>le</strong> ratio entre 2 pro<strong>du</strong>its varie selon <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s et même selon <strong>le</strong> sens <strong>de</strong> <strong>la</strong> rotation (5,7). Il n'existe donc pas d'arguments décisifs permettant <strong>de</strong><br />

fixer <strong>de</strong>s règ<strong>le</strong>s précises pour <strong>le</strong> changement d'opioï<strong>de</strong>s (3). L'absence <strong>de</strong> commercialisation en France <strong>de</strong>s formes à libération immédiate<br />

d'hydromorphone et d'oxycodone est très préjudiciab<strong>le</strong> à l'intérêt pratique <strong>de</strong> ces pro<strong>du</strong>its. De plus <strong>la</strong> molécu<strong>le</strong> qui est présentée comme <strong>la</strong> plus<br />

intéressante en alternative à <strong>la</strong> morphine est <strong>la</strong> méthadone (2, 4, 6). Malheureusement sa commercialisation à visée antalgique ne semb<strong>le</strong> pas à<br />

l'ordre <strong>du</strong> jour en France !<br />

En conclusion et conformément aux recommandations (R) <strong>de</strong> l'EAPC (1), il convient <strong>de</strong> réaffirmer que <strong>la</strong> morphine ora<strong>le</strong> reste <strong>la</strong> référence en<br />

1ère intention (R 1&2), que chez un petit nombre <strong>de</strong> patients il peut être nécessaire <strong>de</strong> changer d'opioï<strong>de</strong>s ou <strong>de</strong> voie d'administration en raison<br />

d'effets secondaires empêchant un contrô<strong>le</strong> satisfaisant <strong>de</strong> <strong>la</strong> dou<strong>le</strong>ur (R 16), que, dans ce cas (et seu<strong>le</strong>ment dans ce cas), l'hydromorphone et<br />

l'oxycodone peuvent être <strong>de</strong>s alternatives intéressantes (R 17). Si ces recommandations sont correctement appliquées, on peut espérer que ces 2<br />

nouvel<strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s contribueront à l'amélioration <strong>de</strong> <strong>la</strong> prise en charge <strong>de</strong>s patients douloureux par <strong>le</strong>s équipes <strong>de</strong> soins palliatifs.<br />

1. Hanks et col. The EAPC recommandations. British Journal of Cancer. 2001;84(5), 587-593.<br />

2. Mancini I, Lossignol A, Body JJ. Opioid switch to oral methadone in cancer pain. Current opinion in Oncology. 2000;12:308-313<br />

3. Mc Quay H. Opioids in pain management. Lancet 1999;353 :2229-32.<br />

4. Mercadante S, Casuccio A, Cal<strong>de</strong>rone L. Rapid switching from morphine to methadone in cancer patients with poor response to<br />

morphine. J Clin Oncol 1999;17(10):3307-12.<br />

5. Portenoy RK, Lesage P. Management of cancer pain. Lancet 2001;357(S1).<br />

6. Ripamonti C, Dicskerson ED, Strateges for the treatment of cancer pain in the new mil<strong>le</strong>nium.Drugs 2001;61(7):955-77.<br />

7. Shah S, Hardy J. Oxycodone: a review of the literature EJPC. 2001;8(3)..<br />

NOUVEAUX MORPHINIQUES DE NIVEAU 3 :<br />

QUEL INTERET POUR LES EQUIPES DE SOINS PALLIATIFS ?<br />

2EME PARTIE : CITRATE DE FENTANYL TRANS MUQUEUX (CFTM).<br />

Miche<strong>le</strong>t S, Devalois B, Burbaud F, Bourzeix JV : UMASC Institut Curie 75005 Paris<br />

et EMSP - CHU Dupuytren 87000 Limoges. Bernard.<strong>de</strong>valois@curie.net<br />

Le citrate <strong>de</strong> fentanyl transmuqueux - Actiq ©, Laboratoire Lafon - fait l'objet d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU <strong>de</strong> cohorte)<br />

<strong>de</strong>puis 2001. Il est exclusivement réservé aux traitements <strong>de</strong>s ADP (accès douloureux paroxystiques). Ceux-ci sont i<strong>de</strong>ntifiés <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong> 10<br />

ans comme <strong>de</strong>s événements fréquents (65 % d'inci<strong>de</strong>nce chez <strong>le</strong>s cancéreux douloureux dans l'étu<strong>de</strong> princeps <strong>de</strong> Portenoy) et très gênants pour<br />

<strong>la</strong> qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s patients (4). L'intérêt <strong>de</strong> ce "comprimé avec dispositif pour application bucca<strong>le</strong>" mérite d'être discuté dans <strong>le</strong> cadre <strong>de</strong>s<br />

soins palliatifs <strong>du</strong> fait <strong>de</strong> ses particu<strong>la</strong>rités d'utilisation. Ce dispositif particulier est <strong>de</strong>stiné à favoriser l'absorption transmuqueuse <strong>du</strong> fentanyl,<br />

liée à sa gran<strong>de</strong> liposolubilité. C'est par cette voie que s'explique 25 % <strong>de</strong> <strong>la</strong> bio disponibilité <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it et surtout son profil<br />

pharmacocinétique presque comparab<strong>le</strong> à une administration intraveineuse. Si <strong>le</strong> fentanyl est avalé avec <strong>la</strong> salive (notamment si <strong>le</strong> dispositif est<br />

sucé et non pas <strong>la</strong>issé contre <strong>la</strong> muqueuse une quinzaine <strong>de</strong> minutes) <strong>la</strong> bio disponibilité <strong>de</strong>vient faib<strong>le</strong> et surtout <strong>le</strong> profil pharmacocinétique<br />

sans aucun intérêt par rapport à <strong>la</strong> morphine ora<strong>le</strong>. Il convient donc d'obtenir une parfaite compréhension et une parfaite col<strong>la</strong>boration <strong>du</strong><br />

patient pour tirer bénéfice <strong>du</strong> dispositif. Le CFTM doit être exclusivement réservé à <strong>de</strong>s patients 1) qui ne sont pas "morphine naïfs",2) avec<br />

<strong>de</strong>s doses stab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> morphiniques en dose <strong>de</strong> base, 3) qui présentent entre 1 et 4 ADP par jour. L'ATU française (<strong>de</strong> manière un peu<br />

incompréhensib<strong>le</strong>) exige même "<strong>de</strong>s patients stabilisés <strong>de</strong>puis au moins 3 semaines". Outre l'absence <strong>de</strong> justification c<strong>la</strong>ire, ce<strong>la</strong> pose <strong>de</strong>s<br />

questions éthiques car ce<strong>la</strong> revient à imposer à un patient présentant <strong>de</strong>s ADP d'attendre 3 semaines avant <strong>de</strong> lui proposer un traitement<br />

efficace ( ??? !!!). Il conviendra probab<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> revoir rapi<strong>de</strong>ment ce point (qui semb<strong>le</strong> un particu<strong>la</strong>risme français) si l'on veut pouvoir utiliser<br />

ce pro<strong>du</strong>it.<br />

La dose efficace <strong>de</strong> CFTM doit être déterminée au cas par cas, en commençant systématiquement par <strong>le</strong> dosage <strong>le</strong> plus faib<strong>le</strong> (200 µg,<br />

équiva<strong>le</strong>nt à 2 mg <strong>de</strong> morphine IV), et en augmentant (chaque jour) <strong>la</strong> posologie utilisée (<strong>de</strong> 200 à 1 600 µg) jusqu'à obtenir une efficacité<br />

suffisante pour traiter chaque ADP par un seul dispositif <strong>de</strong> CFTM. Cette question <strong>de</strong> <strong>la</strong> titration <strong>de</strong> <strong>la</strong> dose <strong>de</strong> CFTM, démontrée par plusieurs<br />

étu<strong>de</strong>s (1,3,4) méritera probab<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> nouveaux développements. El<strong>le</strong> pourrait même déboucher sur <strong>la</strong> remise en cause <strong>du</strong> calcul<br />

systématique <strong>de</strong> 1/10 à 1/6 <strong>de</strong> <strong>la</strong> dose <strong>de</strong> base quotidienne pour <strong>la</strong> morphine en suggérant l'intérêt <strong>de</strong> faire éga<strong>le</strong>ment une titration pour en<br />

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