24.06.2013 Views

Sous le Haut Patronage du Ministère de la Santé - SFAP

Sous le Haut Patronage du Ministère de la Santé - SFAP

Sous le Haut Patronage du Ministère de la Santé - SFAP

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

ACTES <strong>SFAP</strong>.qxd 09/01/03 17:36 Page 30<br />

et <strong>du</strong> patient ne me semb<strong>le</strong> pas <strong>du</strong> ressort <strong>du</strong> chirurgien pour <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> disponibilité d'esprit, <strong>de</strong> temps et <strong>de</strong> compétence. Je pense même<br />

qu'el<strong>le</strong> ne doit pas l'être pour garantir une objectivité et un recul par rapport aux décisions chirurgica<strong>le</strong>s qui doivent être prises <strong>de</strong> façon<br />

sereine jusqu'à <strong>la</strong> fin.<br />

Si vraiment l'UMSP se retirait <strong>de</strong> <strong>la</strong> clinique, est-ce que cette prise en charge que nous ne pouvons et même que nous ne voulons pas faire,<br />

pourrait être assumée par un psychologue attaché au service ?<br />

J.A. : La question serait donc "appe<strong>le</strong>r l'UMSP ou appe<strong>le</strong>r un psychologue", il nous faudrait préciser <strong>le</strong>s choses car <strong>le</strong>s "UMSP" ne sont pas là,<br />

que je sache, pour pallier l'absence <strong>de</strong> psychologues dans <strong>le</strong>s services.<br />

De toute façon, <strong>la</strong> prise en charge psychologique lorsqu'el<strong>le</strong> se réfère au modè<strong>le</strong> psychanalytique, obéit à une éthique bien spécifique, en<br />

rupture avec <strong>le</strong>s soins médicaux… que ce soit vis à vis <strong>du</strong> secret professionnel, <strong>de</strong> <strong>la</strong> non-interchangeabilité ou <strong>du</strong> rapport à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>...<br />

Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> rapport à <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> diffère fondamenta<strong>le</strong>ment... La logique médica<strong>le</strong> a <strong>le</strong> souci <strong>de</strong> tout mettre en oeuvre pour que <strong>le</strong> patient<br />

évite, bien sûr, d'éprouver <strong>de</strong>s dou<strong>le</strong>urs mais aussi d'éprouver <strong>de</strong> <strong>la</strong> souffrance, pour l'éponger. Alors que <strong>la</strong> logique <strong>du</strong> psychologue <strong>la</strong>isse <strong>la</strong><br />

souffrance s'éprouver et <strong>la</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'ai<strong>de</strong> émerger.<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, dans <strong>la</strong> pratique, <strong>le</strong>s champs ne sont pas superposab<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s fonctions d'un psychologue travail<strong>la</strong>nt dans un service somatique ne<br />

recouvrent évi<strong>de</strong>mment pas entièrement <strong>le</strong> champ <strong>de</strong>s soins palliatifs. Le psychologue n'est pas forcément <strong>le</strong> mieux armé pour faire face à <strong>de</strong>s<br />

situations extrêmes...<br />

Je rappel<strong>le</strong>rai que <strong>la</strong> mission fondamenta<strong>le</strong> <strong>du</strong> psychologue est <strong>de</strong> faire reconnaître et <strong>de</strong> respecter <strong>la</strong> personne dans sa dimension psychique,<br />

son activité porte donc essentiel<strong>le</strong>ment sur <strong>la</strong> composante psychique <strong>de</strong>s indivi<strong>du</strong>s…<br />

Par conséquent, c'est vrai qu'une partie <strong>de</strong> ce que nous faisons en soins palliatifs relève <strong>du</strong> domaine <strong>du</strong> psychologue dans <strong>le</strong> sens où l'on ai<strong>de</strong><br />

<strong>le</strong>s patients à mettre <strong>du</strong> sens et à prendre <strong>de</strong> <strong>la</strong> distance par rapport aux événements qu'ils vivent, à mentaliser <strong>de</strong>s affects… Il serait d'ail<strong>le</strong>urs<br />

intéressant <strong>de</strong> repérer "qui prend en charge quoi" dans <strong>la</strong> part psychologique <strong>de</strong>s situations.<br />

C'est à dire :<br />

- A quel moment une attitu<strong>de</strong> et une écoute humaine <strong>de</strong>s soignants <strong>de</strong>s services suffisent-t-ils à apaiser et réconforter <strong>le</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> et ses proches ?<br />

- A quel moment l'UMSP peut-t-el<strong>le</strong> proposer et engager un soutien re<strong>la</strong>tionnel <strong>de</strong> type "re<strong>la</strong>tion d'ai<strong>de</strong>"?<br />

- Et puis, quand doit-t-on faire intervenir un psychologue pour répondre à une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'ai<strong>de</strong> ?<br />

Je <strong>la</strong>isse tout ce<strong>la</strong> en question mais, ce que je voudrais dire c'est que : pour nombres <strong>de</strong> situations <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> vie, <strong>la</strong> dimension psychique <strong>de</strong>vient<br />

secondaire ou <strong>du</strong> moins, se travail<strong>le</strong> en parallè<strong>le</strong>. Il est souvent avant tout question <strong>de</strong> réalité immédiate par rapport à un corps qui défail<strong>le</strong>, ou<br />

un corps qui meurt. C'est à dire que <strong>le</strong>s préoccupations et <strong>le</strong>s actions visent <strong>le</strong> corps réel, dont on ne peut pas faire l'impasse, corps réel qui<br />

n'est pas <strong>du</strong> tout l'objet <strong>du</strong> psychologue clinicien.<br />

F.G. : En par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> corps réel, il est vrai qu'en fin <strong>de</strong> vie en particulier, il existe très souvent <strong>de</strong>s situations cliniques extrêmes qui nécessitent<br />

<strong>de</strong>s réponses médica<strong>le</strong>s et paramédica<strong>le</strong>s adaptées, alliées en plus à une présence auprès <strong>de</strong> <strong>la</strong> famil<strong>le</strong> pour expliquer et pour contenir l'émotion.<br />

Cette situation dépasse <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>du</strong> psychologue mais aussi parfois cel<strong>le</strong> <strong>du</strong> chirurgien et correspond à une p<strong>la</strong>ce privilégiée <strong>de</strong> l'UMSP tant pour<br />

<strong>le</strong> versant adaptation <strong>de</strong>s traitements que soutien aux famil<strong>le</strong>s. En particulier, dans ces situations où <strong>la</strong> famil<strong>le</strong>, voire même <strong>le</strong>s soignants sont<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d'un geste d'euthanasie, <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong> l'UMSP ont cette p<strong>la</strong>ce plus spécifique.<br />

J.C. : En fait, nous prenons souvent ces situations <strong>de</strong> façon anticipée car nous connaissons <strong>le</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> <strong>de</strong>puis longtemps. Nous voyons bien là,<br />

l'intérêt d'une col<strong>la</strong>boration clinique précoce qui permet ce cheminement progressif <strong>de</strong>s 2 équipes autour <strong>du</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> et <strong>de</strong> sa famil<strong>le</strong> jusqu'à <strong>la</strong><br />

mort. Le dégagement comp<strong>le</strong>t <strong>de</strong> <strong>la</strong> clinique <strong>de</strong> l'UMSP n'est donc pas logique dans cette démarche. Il nous faut donc par<strong>le</strong>r <strong>de</strong><br />

complémentarité entre <strong>le</strong>s 2 équipes comme nous l'a dit récemment <strong>le</strong> mari d'une patiente décédée.<br />

J.A. : Ce mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> col<strong>la</strong>boration basé sur l'intervention clinique directe semb<strong>le</strong> pertinent dans <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> chirurgie comme on vient <strong>de</strong> <strong>le</strong><br />

voir mais aussi dans <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine. Je voudrais prendre l'exemp<strong>le</strong> d'un service <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine avec <strong>le</strong>quel nous travaillons <strong>de</strong>puis<br />

longtemps.<br />

Dans un premier temps, nous sommes intervenus souvent en clinique directe pour <strong>de</strong>s patients en fin <strong>de</strong> vie. Puis, peu à peu, nous avons<br />

davantage axé nos interventions sur <strong>le</strong>s soignants eux-mêmes, nous avons organisé <strong>de</strong>s formations internes au service, mis en p<strong>la</strong>ce un groupe<br />

<strong>de</strong> paro<strong>le</strong> mensuel qui fonctionne favorab<strong>le</strong>ment.<br />

Ce service continue <strong>de</strong> faire appel à nous ; et ce malgré <strong>la</strong> présence d'une psychologue !<br />

Même si pour <strong>le</strong>s soignants <strong>de</strong> ce service, <strong>le</strong>s expériences partagées en commun avec l'UMSP semb<strong>le</strong>nt fonctionner comme un idéal <strong>de</strong> pensées<br />

et d'actions pour <strong>le</strong>s soins, nous restons là encore sur un fonctionnement complémentaire. "Prendre en compte <strong>le</strong> ma<strong>la</strong><strong>de</strong> dans sa globalité"<br />

reste lié au concept <strong>de</strong> complémentarité.<br />

Pour finir, je dirai qu'il est pour nous toujours question d'un rapport singulier entre une équipe mobi<strong>le</strong> <strong>de</strong> soins palliatifs et un service. Pour ce<br />

qui est <strong>de</strong> <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration, un "jeu", "une marge <strong>de</strong> manœuvre" doit être <strong>la</strong>issée pour que chaque service puisse "utiliser l'UMSP" en fonction<br />

<strong>de</strong> ses limites, <strong>de</strong> sa culture, <strong>de</strong> son histoire.<br />

36

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!