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Sous le Haut Patronage du Ministère de la Santé - SFAP

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ACTES <strong>SFAP</strong>.qxd 09/01/03 17:36 Page 26<br />

ATELIER 3 - PARTENARIAT ET BÉNÉVOLAT ?<br />

APRES UN DEUIL QUEL SOUTIEN POSSIBLE A DOMICILE ?<br />

Françoise ROMAIN (Centre François-Xavier Bagnoud, Paris) Marie-Laure GOMMICHON (Maison Médica<strong>le</strong> Jeanne Garnier, Paris),<br />

membres <strong>de</strong> l'équipe <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil à domici<strong>le</strong>.<br />

Annick ERNOULT (CFXB, Animatrice et Formatrice), Simone VERCHERE (MMJG) Coordinatrices <strong>de</strong>s bénévo<strong>le</strong>s<br />

" Je ne peux plus en par<strong>le</strong>r à personne "…<br />

Cette phrase enten<strong>du</strong>e si souvent, d'autant plus quand meurt <strong>le</strong> parent, <strong>le</strong> conjoint ou l'enfant qui donnait sens à <strong>la</strong> vie, nous a con<strong>du</strong>its à<br />

chercher quel<strong>le</strong> proposition faire aux personnes qui vivent un <strong>de</strong>uil dans une gran<strong>de</strong> solitu<strong>de</strong>.<br />

Convaincus que <strong>la</strong> neutralité <strong>du</strong> bénévo<strong>le</strong> facilite <strong>le</strong> " dire " <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne en <strong>de</strong>uil, qu'el<strong>le</strong> lui permet d'exister à nouveau au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> société,<br />

nous avons mis en p<strong>la</strong>ce une équipe <strong>de</strong> soutien <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil à domici<strong>le</strong>, qui regroupe une dizaine <strong>de</strong> bénévo<strong>le</strong>s, sous <strong>la</strong> hou<strong>le</strong>tte commune <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Maison Médica<strong>le</strong> Jeanne Garnier et <strong>du</strong> Centre François-Xavier Bagnoud, grâce au financement <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fondation Adrienne et Pierre Sommer<br />

(Fondation <strong>de</strong> France).<br />

Ce soutien s'organise selon trois axes :<br />

1) L'écoute : il est c<strong>la</strong>ir que <strong>le</strong>s accompagnants vont au domici<strong>le</strong> <strong>de</strong>s personnes en <strong>de</strong>uil pour écouter <strong>le</strong> chagrin, <strong>la</strong> souffrance <strong>de</strong> l'absence et<br />

<strong>le</strong> manque généré par cette absence. Cette écoute <strong>le</strong>s amène aussi à accompagner l'évolution <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne décédée <strong>de</strong><br />

l'idéalisation <strong>du</strong> début à une acceptation <strong>de</strong>s défauts et limites <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne décédée.<br />

2) L'accompagnement <strong>de</strong>s changements survenus dans <strong>la</strong> vie quotidienne à cause <strong>du</strong> décès. La présence <strong>de</strong>s accompagnants prend alors<br />

<strong>de</strong>s formes très concrètes : ils ai<strong>de</strong>nt <strong>la</strong> personne en <strong>de</strong>uil à faire <strong>le</strong>s papiers administratifs liés au décès, l'accompagnent chez <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin,<br />

ai<strong>de</strong>nt à l'achat d'appareils auditifs ou <strong>de</strong> lunettes, font <strong>de</strong>s courses pour préparer une valise <strong>de</strong> vacances, vont au cinéma ou simp<strong>le</strong>ment<br />

prennent une tasse <strong>de</strong> thé sur une terrasse.<br />

Les hommes en <strong>de</strong>uil ont une <strong>de</strong>man<strong>de</strong> différente <strong>de</strong>s femmes en <strong>de</strong>uil car souvent, en perdant <strong>le</strong>ur épouse qui prenait tout <strong>le</strong> quotidien<br />

matériel en charge, ils ont tout per<strong>du</strong> et se retrouvent complètement coupés <strong>de</strong> <strong>la</strong> vie socia<strong>le</strong>. Le transfert fait sur l'accompagnant est très fort<br />

mais reste au niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> communication plutôt que <strong>de</strong> l'affectif, <strong>la</strong> personne en <strong>de</strong>uil cherchant à retrouver un interlocuteur.<br />

3) Le soutien <strong>de</strong>s projets qui signa<strong>le</strong>nt un réinvestissement possib<strong>le</strong> pour <strong>la</strong> personne en <strong>de</strong>uil à domici<strong>le</strong>. Au bout <strong>de</strong> quelques temps ce<strong>la</strong><br />

re<strong>de</strong>vient envisageab<strong>le</strong> <strong>de</strong> retourner dans une maison ou un lieu très prégnant <strong>de</strong> <strong>la</strong> présence <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne décédée, se rapprocher <strong>de</strong>s enfants,<br />

reprendre contact avec <strong>le</strong>s amis, lorsqu'il y en a, voire envisager et préparer sereinement une entrée en maison <strong>de</strong> retraite. Le rô<strong>le</strong> <strong>de</strong><br />

l'accompagnant est alors <strong>de</strong> soutenir ces projets et cette ouverture et <strong>de</strong> <strong>le</strong>s faciliter lorsqu'il <strong>le</strong> peut.<br />

Cette fonction <strong>de</strong> soutien nécessite une formation pour répondre avec compétence à certaines situations comp<strong>le</strong>xes. Les apports théoriques y<br />

jouent un rô<strong>le</strong> secondaire et c'est plutôt à l'analyse <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong>s accompagnants et <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur expérience que s'attachent <strong>le</strong>s formateurs. La<br />

supervision, éga<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong>, offre aux bénévo<strong>le</strong>s un lieu pour nommer ce qui <strong>le</strong>s inquiète ou <strong>le</strong>s questionne, l'analyser et confronter<br />

<strong>le</strong>urs expériences. Cette activité ne se conçoit qu'au cœur d'un travail en réseau et <strong>le</strong>s accompagnants sont vigi<strong>la</strong>nts à informer <strong>le</strong>s partenaires<br />

qui <strong>le</strong>s ont mis en lien avec <strong>le</strong>s personnes qu'ils accompagnent : services <strong>de</strong> soins à domici<strong>le</strong>, centres ou unités <strong>de</strong> soins palliatifs, associations,<br />

etc…<br />

La paro<strong>le</strong> <strong>de</strong>s personnes accompagnées a confirmé notre intuition <strong>de</strong> départ :<br />

" Quand je me prépare <strong>le</strong> matin, je me dis : ce ne sera pas une journée comme <strong>le</strong>s autres. Je vais pouvoir vous dire ce qui me chagrine…J'ai<br />

confiance en vous, je vous appel<strong>le</strong> ' <strong>la</strong> bénévo<strong>le</strong> <strong>du</strong> <strong>de</strong>uil ' "<br />

1) En premier lieu l'ECOUTE.<br />

Ecouter quoi ?<br />

> <strong>le</strong> chagrin<br />

> <strong>la</strong> souffrance <strong>de</strong> l'absence<br />

> accompagner l'évolution <strong>de</strong>s représentations <strong>de</strong> <strong>la</strong> personne décédée. Au début, <strong>la</strong> personne est irremp<strong>la</strong>çab<strong>le</strong> et est idéalisée. Quand <strong>la</strong><br />

personne arrive à voir <strong>la</strong> personne décédée comme el<strong>le</strong> était, <strong>le</strong> <strong>de</strong>uil avance car <strong>la</strong> personne en <strong>de</strong>uil est en prise avec <strong>la</strong> réalité. ( Mme G. qui<br />

avoue, au bout <strong>de</strong> quelques mois, que son mari était vio<strong>le</strong>nt avec el<strong>le</strong>.)<br />

2) L'accompagnement <strong>de</strong>s changements survenus dans <strong>la</strong> vie quotidienne à cause <strong>du</strong> décès.<br />

Accompagnement <strong>de</strong> <strong>la</strong> solitu<strong>de</strong> et réactivation <strong>de</strong> l'envie d'al<strong>le</strong>r vers <strong>le</strong>s autres.<br />

L'accompagnement peut prendre plusieurs formes :<br />

> Faire <strong>de</strong>s démarches indispensab<strong>le</strong>s pour <strong>la</strong> santé (accompagner chez <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin, acheter un appareil auditif…)<br />

> Faire <strong>de</strong>s courses ensemb<strong>le</strong>. (changer un pantalon qui ne va pas, préparer une valise <strong>de</strong> vacances d'été pour une personne qui partait en séjour<br />

chez <strong>le</strong>s Petits Frères <strong>de</strong>s Pauvres…)<br />

> Al<strong>le</strong>r prendre une tasse <strong>de</strong> thé ensemb<strong>le</strong> (ou un verre <strong>de</strong> porto à trois heures <strong>de</strong> l'après-midi…)<br />

> Al<strong>le</strong>r au cinéma<br />

> Faire <strong>le</strong>s papiers administratifs liés au décès…<br />

Différences entre l'accompagnement <strong>de</strong>s hommes et <strong>de</strong>s femmes.<br />

Les messieurs sont complètement per<strong>du</strong>s pour <strong>le</strong> quotidien. Leur femme s'occupait <strong>de</strong> tout et ils ne savent plus se prendre en charge. La<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> d'un homme peut être : il se <strong>la</strong>mente sur <strong>le</strong> fait d'avoir per<strong>du</strong> son amour, et comme is vivaient en autarcie, coupés <strong>de</strong> l'extérieur, plus<br />

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