Lire le PDF - Diaconia 2013

EAA n°59 - Novembre 2012
18
À l’hopital Monteperrin
DIACONIA 2013 « Santé - Handicap »
Aumônier à Montperrin
L’écoute pour alléger le fardeau
Parce que «les maladies psychiques mettent les patients face à un
abîme de doutes et de peurs » Christine Pajon a voulu que l’aumônerie
de l’Hôpital psychiatrique Montperrin, située dans le bâtiment dédié
aux arts contemporains, soit un lieu de vie et de joie.
Seigneur, mon Dieu et mon salut,
Dans cette nuit où je crie en ta présence,
que ma prière parvienne jusqu’à toi,
Ouvre l’oreille à ma plainte.
Car mon âme est rassasiée de malheur,
et ma vie est au bord de l’abîme (...)
Enfermé je n’ai pas d’issue
à force de souffrir, mes yeux s’éteignent.
Je t’appelle, Seigneur tout le jour, je tends les
mains vers toi...
Extrait du psaume 87
Michèle Taddei
Là, l’écoute n’est ni cultuelle, ni thérapeutique, même si
l’action qu’elle conduit est soutenue par la foi et si elle
aide à, sinon guérir, du moins trouver un sens à la maladie
psychiatrique. Parfois, la prière jaillit mais elle n’est
pas imposée, elle s’impose d’elle-même. La messe dominicale
(célébrée le vendredi !) et les temps de prières,
c’est dans la chapelle de l’hôpital que ça se passe...
Avant Montperrin, Christine avait en charge l’aumônerie
d’une maternité, à Nancy. Elle y côtoyait le questionnement
des parents qui venaient de perdre un enfant, né ou
à naître. Là, elle a découvert ce qu’elle ne sait nommer
- un talent, une vocation, une grâce ? - la capacité à
« accompagner ». Pour ce poste aixois, elle est devenue
psychanalyste afin de comprendre les rouages de la maladie,
l’angoisse des patients devant ces « autres » qu’ils
sont devenus : « Ceux qui poussent la porte du bureau
m’apportent leurs souffrances et, souvent, leur solitude
: pour pouvoir les aider, il faut que je leur donne de
l’attention bien sûr mais aussi un peu d’air du dehors,
un peu de vie « de l’extérieur », un peu d’humour... »
D’autant qu’il n’y a aucun autre espace de parole « non
thérapeutique » dans la structure.
Tous les deux ans,
Christine Pajon
emmène une dizaine
de patients
à Lourdes, pour le
pèlerinage diocésain,
accompagnée
dans sa démarche
par le Secours Catholique.
Cette
maman de cinq enfants met toutes ses actions entre les
mains de Dieu : « Une infime partie de ceux qui viennent
sont là parce que c’est un lieu catholique, la plupart
viennent pour poser leur fardeau. Chaque fois que
je suis face à un nouveau venu, je pense à la religieuse à
laquelle j’ai succédé à la maternité de Nancy qui, avant
d’entrer dans une chambre, avait coutume de dire: « Je
suis arrivée devant une porte, je vais l’ouvrir, après ce
sera à Dieu de jouer... » Et Il répond toujours présent ! »
Christine Pajon, 2 e à gauche