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texte intégral - Diocèse de Joliette

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LA PARABOLE DU FRAGMENT DE MIROIR<br />

Un professeur terminait son cours par la phrase rituelle : « Y a-t-il encore <strong>de</strong>s<br />

questions? » Un étudiant lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> alors : « Monsieur, quel est le sens <strong>de</strong> la<br />

vie? » Quelques-uns <strong>de</strong> ses camara<strong>de</strong>s, sur le point <strong>de</strong> partir, se mettent à rire. Le<br />

professeur, d’un regard interrogateur, fixe longuement cet étudiant. « Est-ce une<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> sérieuse? » Il comprend vite qu’elle l’est. « Je vais vous répondre en ce<br />

cas! » De la poche <strong>de</strong> son pantalon, il sort son portefeuille, en retire un fragment <strong>de</strong><br />

miroir, assez rond et pas plus grand qu’une pièce <strong>de</strong> monnaie et dit à<br />

l’étudiant : « J’étais encore enfant, c’était pendant la guerre. Un jour, je vis, sur le<br />

chemin, un miroir brisé. J’en gardé un fragment le plus grand que voici. Souvent, je<br />

m’amusais à diriger la lumière réfléchie dans les coins sombres où le soleil ne brillait<br />

jamais : trous profonds et sombres, crevasses et autres cavités.<br />

Devenu adulte je compris que ce morceau <strong>de</strong> miroir avait un sens particulier pour<br />

moi. Plus qu’un jeu d’enfant, c’était la métaphore <strong>de</strong> ce que je pouvais réaliser dans<br />

la vie. Moi aussi, je suis le fragment d’un miroir que je connais dans sa totalité. Avec<br />

ce que je possè<strong>de</strong>, je peux envoyer la lumière, la vérité, la compréhension, la bonté,<br />

la tendresse, dans les replis les secrets du cœur humain et changer ainsi quelque<br />

chose chez ceux que je côtoie. D’autres personnes en font peut-être tout autant.<br />

Voilà en quoi consiste pour moi le sens <strong>de</strong> la vie. » (Une parabole <strong>de</strong> Bruno Ferrero)<br />

Diriger la lumière vers les replis le plus secrets du cœur humain, vers les cavités<br />

sombres et froi<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s désespérances et <strong>de</strong>s détresses humaines, voilà donc <strong>de</strong>venir<br />

la lumière du mon<strong>de</strong> ou du moins, en <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s miroirs. « Que votre lumière brille<br />

aux yeux <strong>de</strong>s hommes, pour qu’en voyant vos bonnes œuvres, vos œuvres <strong>de</strong><br />

lumière, ils puissent rendre gloire à votre Père céleste. » (Mt 5,16) Les autres<br />

rendront gloire parce que notre lumière les aura rendus à la vie, à l’espérance, à<br />

l’amour. Nous ne sommes pas la lumière, nous lui rendons témoignage par les<br />

miroirs <strong>de</strong> nos vies ajustées aux gran<strong>de</strong>s valeurs <strong>de</strong> l’Évangile : compassion, vérité,<br />

pardon, partage, tendresse… Nous nous exposons à la lumière du Christ pour que le<br />

miroir <strong>de</strong> notre cœur transmettre le plus fidèlement possible cette lumière aux replis<br />

secrets <strong>de</strong>s souffrances désespérées <strong>de</strong> notre mon<strong>de</strong>. Quelle mission nous est<br />

confiée : être la lumière du mon<strong>de</strong>, être le sel <strong>de</strong> la terre. Rappelons-nous ce sel que<br />

Jésus connait en son temps, ce sel extrait <strong>de</strong>s abords <strong>de</strong> la Mer Morte et avec lequel<br />

on allume le feu <strong>de</strong> la cuisine. Que ce sel qui est le nôtre puisse allumer le feu <strong>de</strong><br />

l’amour, que ce feu apporte la lumière <strong>de</strong> notre espérance et aussi la chaleur <strong>de</strong><br />

notre tendresse. Diriger la lumière là où elle se fait absente à cause <strong>de</strong>s<br />

renfermements ou <strong>de</strong>s enchevêtrements <strong>de</strong> la vie.<br />

Et aussi cette autre parabole, celle <strong>de</strong> la lampe du mineur. Un homme <strong>de</strong>scendait<br />

tous les jours sous terre pour y extraire du sel. Il emportait chaque fois une pioche<br />

et une lampe. Un soir, alors qu’il allait revenir à la surface, au milieu d’une galerie<br />

tortueuse et inconfortable, la lampe lui tomba <strong>de</strong>s mains et se brisa au sol. Tout au<br />

début, le mineur en fut presque heureux; « Finalement, j’en avais assez <strong>de</strong> cette<br />

lampe. Je <strong>de</strong>vais sans cesse la porter, la surveiller aussi, même pendant le travail.


Me voilà enfin désencombré, et je me sens beaucoup plus libre! Et puis… je fais ce<br />

parcours <strong>de</strong>puis tellement d’années, impossible que je me per<strong>de</strong>! » Mais bien vite, le<br />

chemin le trahit. Dans le noir, c’était une autre histoire. Il fit quelques pas, mais<br />

cogna contre une paroi. Il s’étonna : n’est-ce pas le bonne galerie? Comment avait-il<br />

fait pour se tromper si vite? Il essaya <strong>de</strong> rebrousser chemin, mais parvint au bord du<br />

bassin qui collecte les eaux d’infiltration. « Il n’est pas bien profond ce bassin mais si<br />

j’y tombe, au beau milieu <strong>de</strong> ces ténèbres, je m’y noierai à coup sûr! » Il se jeta à<br />

terre et se mit à marcher à quatre pattes. Il se blessa aux mains et aux genoux. Les<br />

larmes lui vinrent aux yeux quand il s’aperçut qu’en fait il n’avait progressé que <strong>de</strong><br />

quelques mètres et qu’il se trouvait pratiquement au point <strong>de</strong> départ. Alors, il se mit<br />

à regretter infiniment sa chère lampe. Humilié, il attendait que quelqu’un <strong>de</strong>scen<strong>de</strong> à<br />

sa recherche pour le remonter en lui montrant le chemin avec quelque bout <strong>de</strong><br />

chan<strong>de</strong>lle. (Une autre parabole <strong>de</strong> Brunon Ferrero)<br />

Nous sommes ce mineur piochant dans les galeries <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Nous extrayons le<br />

sel <strong>de</strong> cette mine en donnant sens et saveur à ce mon<strong>de</strong> par cette lumière que nous<br />

reflétons au cœur <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>. Qu’arriverait-il si nous perdions notre lampe? Nous<br />

serions plongés dans les ténèbres et plongerions les autres dans ces désespérantes<br />

obscurités. Nous sommes appelés à rendre compte sans cesse <strong>de</strong> l’espérance qui<br />

nous habite. (1Pi 3, 15) En perdant notre lampe, nous sommes enfouis dans les<br />

ténèbres car nous avons perdu également le sens <strong>de</strong> notre vie : être <strong>de</strong>s fragments<br />

<strong>de</strong> lumière pour rendre témoignage à la lumière qui vient dans notre mon<strong>de</strong>, tel ce<br />

Jean aux abords du Jourdain venu pour rendra témoignage à la lumière venue dans<br />

notre mon<strong>de</strong>. (Jn 1, 6-8)<br />

- Pierre-Gervais Majeau ptre-curé, diocèse <strong>de</strong> <strong>Joliette</strong>, QC.

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