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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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fabrication loca<strong>le</strong>. La structure syntaxique du texte que nous venons<br />

de citer fait passer d’un champ sémantique de l’indéfini à ce qui est<br />

défini, donc déterminé et précis. Ainsi, des « sans souci-souci,<br />

persécutés, nostalgiques, tout-bêtes, tout-louche », on arrive à ce qui<br />

<strong>le</strong> caractérise tous ; ce qui fait que de plusieurs personnages, on<br />

arrive à par<strong>le</strong>r comme d’un seul personnage : <strong>le</strong> héros de l’espace des<br />

laissés-pour-compte. D’où la clausu<strong>le</strong> du texte : « un fond de<br />

ressemblance », c’est-à-dire ce qui définit ces personnages et qui <strong>le</strong>s<br />

détermine. Et là on entre <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>le</strong>xique défini, d’où l’emploi des<br />

déterminants définis, « <strong>le</strong>s 196 visages rongés », « <strong>le</strong>s regards vides ».<br />

Victime de répressions permanentes, ce héros, comme <strong>le</strong>s autres<br />

personnages, est contraint de subir et ne peut plus agir pour changer<br />

des situations auxquel<strong>le</strong>s il est opposé puisqu’il a perdu toute force<br />

physique et mora<strong>le</strong>. Son espace est celui de la décadence. Sa vie est<br />

un parcours de la misère, plongée <strong>dans</strong> un système de va<strong>le</strong>ur<br />

dégradée, appauvrie et rendue veu<strong>le</strong> par ceux qui détiennent <strong>le</strong><br />

pouvoir. La classe dirigeante est à son tour vouée à perpétuer un<br />

système tota<strong>le</strong>ment dégradé.<br />

<strong>Les</strong> dancings ou maisons de <strong>dans</strong>e qui prolifèrent <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />

quartiers populaires se présentent comme des lieux marqués par des<br />

signes de la modernité (haut-par<strong>le</strong>urs, piste de <strong>dans</strong>e, chaîne hi-fi,<br />

fauteuil, jardin, banc, tab<strong>le</strong>s, éclairage par l’é<strong>le</strong>ctricité, toit en tô<strong>le</strong>,<br />

etc.) Ces lieux qui exercent une attirance irrésistib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s habitants<br />

des deux sexes, n’offrent pas l’atmosphère de sécurité et <strong>le</strong><br />

divertissement qu’ils sont supposés engendrer n’est pas de meil<strong>le</strong>ur<br />

aloi.<br />

On est d’emblée intrigué par <strong>le</strong>ur nombre écrasant. Sur <strong>le</strong><br />

chemin emprunté par Ĝakatuka, <strong>le</strong> héros de L’Impasse, on ne tarde<br />

pas à remarquer que <strong>dans</strong> la vil<strong>le</strong> de Brazza, <strong>le</strong>s lieux de prière et <strong>le</strong>s<br />

bars sont plus nombreux que <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s hôpitaux 197 . Ce sont en<br />

196 Nos italiques.<br />

197 L’exemp<strong>le</strong> d’un espace de dépravation <strong>dans</strong> L’Impasse de Daniel Biyaoula<br />

est <strong>le</strong> bar la « Bel<strong>le</strong> Vie » que <strong>le</strong> narrateur décrit aux pages 74-79. On retient<br />

que la « musique tonne comme c’est pas croyab<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong> n’arrive pas à<br />

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