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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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toute lutte contre la sa<strong>le</strong>té paraît vaine ou plutôt utopique.<br />

Sur <strong>le</strong> mur et la rampe de la gare on a mis en effet plusieurs<br />

couches de peinture à interval<strong>le</strong> irrégulier pendant plusieurs années,<br />

mais comme l’observe <strong>le</strong> narrateur, « la victoire appartient toujours au<br />

bois » car à part <strong>le</strong> bois, « il y a tant de mains et de doigts pour aider <strong>le</strong><br />

bois <strong>dans</strong> sa progression vers la pourriture ». Par exemp<strong>le</strong>, « <strong>le</strong>s doigts<br />

de la main gauche, glissant négligemment <strong>le</strong> long de la rampe après<br />

avoir été frottés vers l’anus […] <strong>le</strong>s doigts de la droite encore humide<br />

d’urine et de la sueur d’entre-jambes gras. » 183<br />

Le bois est un élément dont la nature est de pourrir en dépit<br />

de tous <strong>le</strong>s artifices humains. Le mur et la rampe de la gare doivent<br />

être considérés comme des représentations d’une histoire en trois<br />

phases. La première phase serait la construction. La seconde est la<br />

tentative de maintenance et la troisième phase est l’écrou<strong>le</strong>ment<br />

progressif de la gare. Ainsi chaque couche de peinture qu’on donne<br />

aux murs de la gare pour <strong>le</strong>s embellir est une lutte vaine contre la<br />

sa<strong>le</strong>té et la pourriture. Le service de maintenance fait mal son travail<br />

et au lieu de contribuer au maintien de l’édifice, il contribue à sa<br />

démolition.<br />

II.3. Description réaliste de l’habitat<br />

La maison où réside <strong>le</strong> personnage principal de The Beautiful<br />

Ones Are Not Yet Born est même pire : la sa<strong>le</strong>té repoussante des<br />

latrines de son domici<strong>le</strong> lui fait préférer cel<strong>le</strong>s de son lieu de travail.<br />

Pour désigner l’espace privé, c’est-à-dire l’endroit où habitent la<br />

plupart des laissés-pour-compte, Tierno Monénembo <strong>dans</strong> <strong>Les</strong><br />

Crapauds-brousse emploie la prétérition hyperbolique, ce qui rend<br />

indescriptib<strong>le</strong> ou l’innommab<strong>le</strong>. Il désigne ainsi la maison tour à tour<br />

183 A.K. Armah, The Beautiful Ones Are Not Yet Born, op. cit., p. 12. « [...] the<br />

wood would always win [...]. Just so many hands and fingers bringing help to<br />

the wood in its course toward putrefaction. Left-hand fingers in their care<strong>le</strong>ss<br />

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