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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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nauséabonds. L’imagerie de l’univers scatologique avec ses<br />

associations de sa<strong>le</strong>té, putréfaction, décadence, pourriture et effluve<br />

sont <strong>le</strong>s traits dominants de cet espace des couches populaires.<br />

L’impression de nausée qui se crée quand <strong>le</strong> narrateur parcourt son<br />

espace est d’abord perceptib<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s lieux publics où la vente du<br />

poisson grillé sert de prétexte à montrer comment la sa<strong>le</strong>té est<br />

devenue quelque chose de normal puisque tout <strong>le</strong> monde a fini par<br />

l’accepter :<br />

« Sounds of moist fish frying in open pans of dark perennial oil<br />

so close to the public lavatory. It is very easy to get used to<br />

what is terrib<strong>le</strong>. A different thing ; the public bath, made for a<br />

purification that is not so offensive. Here there is only the sta<strong>le</strong><br />

soapsuds merging in grainy rotten dirt from everybody’s scum,<br />

a reminder of armpits full of hair dripping sweat down arms<br />

raised casually in places of public intimacy. » 182<br />

L’extrait souligne que la population s’est accommodée de la<br />

crasse et de la puanteur. <strong>Les</strong> habitués de ces milieux ont fini par<br />

cautionner l’absence aussi absolue soit-el<strong>le</strong> de l’hygiène. Ils ne font<br />

plus la différence entre ce qui est propre et ce qui ne l’est pas.<br />

A la gare, la description insiste sur <strong>le</strong>s détails de sa<strong>le</strong>té :<br />

couche de peinture, dessins sur <strong>le</strong> mur, crasse, vétusté et<br />

délabrement total des lieux dont plus personne ne se rend plus<br />

compte. Le lieu de travail de ce modeste employé de chemin de fer<br />

présente <strong>le</strong>s mêmes caractéristiques. Dans la pénombre, la cire et la<br />

crasse sont accumulées entre <strong>le</strong>s lattes du plancher. La crasse sur <strong>le</strong>s<br />

murs de la gare fait partie intégrante de l’univers du personnage et<br />

182 A.K. Armah, The Beautiful Ones Are Not Yet Born, op. cit., p. 41. « Des<br />

poissons encore humides grésil<strong>le</strong>nt <strong>dans</strong> une hui<strong>le</strong> noire jamais renouvelée à<br />

côté des W.C. publics. Il est si faci<strong>le</strong> de s’habituer à l’horrib<strong>le</strong> ! Voici quelque<br />

chose de différent : <strong>le</strong>s bains-douches destinés à une purification moins<br />

nauséabonde. Ici il y a de la mousse de savon rance mêlée à la crasse des<br />

hommes en une écume sa<strong>le</strong> et grume<strong>le</strong>use, évocatrice de touffes de poils<br />

jaunes au creux de l’aissel<strong>le</strong>, quand la sueur cou<strong>le</strong> <strong>le</strong> long des bras<br />

négligemment re<strong>le</strong>vés en ces lieux d’intimité publique. »<br />

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