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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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L’odeur fonctionne ici comme vecteur discursif de la spatialité,<br />

puisqu’el<strong>le</strong> participe à l’identification des lieux : el<strong>le</strong> fait partie de<br />

l’arsenal qualificatif au même titre que <strong>le</strong>s éléments de <strong>le</strong>ur<br />

conformation visuel<strong>le</strong>ment délimitab<strong>le</strong>s. Ainsi, lorsque l’homme<br />

traverse la rue, il sent tout à coup l’air se remplir « d’une odeur<br />

aigre<strong>le</strong>tte et douce de poudre et d’aisel<strong>le</strong>s tièdes et moites, mêlées à la<br />

senteur poivrée d’un parfum retenu <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s plis d’une peau trop tôt<br />

flétrie. Puis aussitôt après, c’est l’odeur d’une vieil<strong>le</strong> perruque » 178 , ce<br />

qui identifie un lieu où se trouve une prostituée. En réalité, en deçà<br />

des marques socioculturel<strong>le</strong>s que cette évocation connote, c’est bien<br />

un espace qu’el<strong>le</strong> désigne et circonscrit. Transgressant <strong>le</strong>s seuils et<br />

<strong>le</strong>s limites que l’espace impose à la vision, <strong>le</strong>s odeurs instituent un<br />

volume qui impose la coprésence des sujets : el<strong>le</strong>s enveloppent <strong>le</strong>s<br />

êtres, sans directionalité spécifique, instaure entre eux une solidarité<br />

et une appartenance à un monde, à un sty<strong>le</strong> de vie. L’odeur crée un<br />

espace cognitif diffus et partagé, signifiant pour chacun des sujets,<br />

<strong>le</strong>ur appartenance commune.<br />

A l’instar des odeurs, la communication auditive franchit,<br />

<strong>dans</strong> The Beautifu Ones Are Not Yet Born, <strong>le</strong>s bornes de l’espace<br />

visuel, et apparaît comme un moyen de créer un espace de<br />

communication. L’exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus frappant est l’autocar que <strong>le</strong><br />

narrateur présente <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s premières lignes du récit : « L’autocar<br />

s’était arrêté. Aux saccades désordonnées du moteur se succéda une<br />

série interminab<strong>le</strong> de tremb<strong>le</strong>ments spasmodiques, à croire que seu<strong>le</strong> la<br />

rouil<strong>le</strong> pouvait tenir l’une à l’autre ses différentes parties et empêcher<br />

tête rejeté en arrière, et cependant savoir qu’à tel<strong>le</strong> minute précise on passe à<br />

tel endroit ou à tel autre parce que <strong>le</strong> vent apporte aux narines l’odeur de<br />

chacun des lieux. »<br />

178 A.K. Armah, The Beautiful Ones Are Not Yet Born, op. cit., p. 35. « [...] the<br />

sharp sweetness of arm-pit powder hot and moist, and the keenness of<br />

perfume trapped in creases of prematurely tired skin. At rapid intervals<br />

comes the vapor of well-used wig. »<br />

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