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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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promiscuité et <strong>le</strong> bestiaire s’allient à l’architecture de taudis<br />

hétéroclites, à l’accumulation et inclusions concordantes <strong>dans</strong> des<br />

classes el<strong>le</strong>s-mêmes homogènes, où <strong>le</strong> positif est neutralisé par <strong>le</strong><br />

négatif, l’être par <strong>le</strong> paraître, <strong>le</strong> dessus par <strong>le</strong> dessous. <strong>Les</strong> scènes<br />

décrites <strong>dans</strong> ce village malpropre n’offrent que des habitants<br />

crasseux et agonisants ayant perdu toute raison de vivre. Ils<br />

s’engouffrent <strong>dans</strong> un système de va<strong>le</strong>ur tota<strong>le</strong>ment dégradée et<br />

rétrograde. Le <strong>le</strong>cteur est parfois intrigué par ces paysans passifs, qui<br />

n’espèrent plus rien, et qui ne font rien du tout pour améliorer <strong>le</strong>ur<br />

vie. Pourquoi <strong>le</strong>s travaux champêtres ne sont-ils pas mentionnés ? En<br />

Afrique, en effet, sauf si el<strong>le</strong>s sont nomades, <strong>le</strong>s communautés<br />

villageoises sédentaires sont en priorité des communautés agrico<strong>le</strong>s.<br />

Certes, la sécheresse <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>roman</strong> s’inscrit <strong>dans</strong> l’avalanche<br />

des grands malheurs qui frappent <strong>le</strong> village Lea. Toutefois, on peut<br />

logiquement se demander : en dehors de l’aide internationa<strong>le</strong><br />

mentionnée de façon laconique à la page dix-neuf, que font <strong>le</strong>s<br />

villageois pour lutter contre <strong>le</strong>s effets dévastateurs de la sécheresse?<br />

Où est passé <strong>le</strong> savoir-faire hérité des ancêtres qui permettait de faire<br />

face à des situations diffici<strong>le</strong>s ? Ces questions ne trouvent pas de<br />

réponse <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s premiers chapitres de l’œuvre de Mandé Alpha<br />

Diarra. Il a choisi d’exposer en un tab<strong>le</strong>au repoussant des villageois<br />

veu<strong>le</strong>s, indo<strong>le</strong>nts et apathiques, qui manquent d’initiative, et vivent<br />

<strong>dans</strong> l’infamie et la misère la plus profonde. Ce village a atteint <strong>le</strong> plus<br />

haut niveau de la déchéance humaine.<br />

Fascinés donc par la vil<strong>le</strong>, des personnages comme Bakary<br />

trouvent que <strong>le</strong> village n’est plus un cadre de vie idéa<strong>le</strong>. « La chefferie<br />

est morte, Togobala est fini, c’est un village en ruine » 149 , renchérit-il.<br />

Ainsi, pour <strong>le</strong>s jeunes en quête d’« avenir », <strong>le</strong> village est <strong>le</strong> centre<br />

répulsif, espace de souffrance et de servitude.<br />

C’est cette représentation du village que nous avons au début<br />

de Le Cerc<strong>le</strong> des Tropiques d’Alioum Fantouré. L’aventure pathétique<br />

et picaresque à certains égards de Bohi Di commence au village où il<br />

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