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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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tel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> toit était bas. » 145<br />

Le spectac<strong>le</strong> accablant de l’habitat est renforcé par la cohorte<br />

des maladies et autres souffrances dont sont victimes <strong>le</strong>s habitants<br />

de ce village dont des animaux incarnant la mort, comme <strong>le</strong>s<br />

vautours, forment avec <strong>le</strong>s mendiants <strong>le</strong>s principaux habitants. <strong>Les</strong><br />

premières pages du récit sont une descente au bas fond de la misère<br />

la plus noire : de ce qui est insupportab<strong>le</strong> du point de vue humain en<br />

raison de la surabondance des personnages loqueteux, souffreteux et<br />

aux odeurs suffocantes, ce qui rend <strong>le</strong> village sinistre, morne et<br />

bou<strong>le</strong>versant. La scène de soins administrés à un enfant malade<br />

remplit littéra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur de nausée :<br />

« Au fond, grâce à un rayon de so<strong>le</strong>il qui éclairait la scène, Boua<br />

vit l’enfant, couché sur un tas de pail<strong>le</strong> souillée. Sou<strong>le</strong>ymane à<br />

son chevet, lui tenait la tête. Le crâne luisait, glabre et rose. Le<br />

menton, pointu, tombait sur une poitrine osseuse. L’enfant,<br />

décharné, respirait à peine. Sous <strong>le</strong>s raisons du so<strong>le</strong>il, la scène<br />

était sinistre : Sou<strong>le</strong>ymane en loques tenant <strong>dans</strong> ses bras<br />

décharnés comme des pinces, ce sque<strong>le</strong>tte qui se mourait. De<br />

grosses mouches b<strong>le</strong>ues bourdonnantes complétaient ce<br />

tab<strong>le</strong>au déjà trop macabre. » 146<br />

Le village Lea est peuplé d’individus dépouillés de toute<br />

espèce de grandeur comme « l’individu problématique » 147 dont par<strong>le</strong><br />

Lucien Goldman. <strong>Les</strong> habitants du village Lea forment un<br />

conglomérat d’êtres tâtonnants et sans personnalité ni identité, c’est-<br />

à-dire des fou<strong>le</strong>s innommées et margina<strong>le</strong>s. Car tous <strong>le</strong>s villageois<br />

sont « dégradés par rapport aux va<strong>le</strong>urs authentiques » 148. La<br />

145 A. M. Diarra, Sahel ! Sanglante sécheresse, Paris, Présence Africaine,<br />

1981, p. 18-19.<br />

146 Ibidem.<br />

147 L. Goldmann, Pour une sociologie du <strong>roman</strong> [1964], Paris, Gallimard, 1995,<br />

p. 38.<br />

148 Idem, p. 24<br />

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