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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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ceux qui doivent perpétuer <strong>le</strong>s rites légués par <strong>le</strong>s ancêtres. Il est<br />

malaisé, <strong>dans</strong> ce cas de figure, d’assister à des scènes où un féticheur<br />

abuse d’une femme <strong>dans</strong> une case de fétiche, censée être <strong>le</strong> lieu où<br />

l’homme peut entrer en contact avec <strong>le</strong>s mânes des ancêtres, dont <strong>le</strong><br />

féticheur serait <strong>le</strong> garant et <strong>le</strong> médiateur. Le drame de Fama <strong>dans</strong> <strong>Les</strong><br />

So<strong>le</strong>ils des Indépendances est aussi <strong>le</strong> drame des villages atteints<br />

profondément par <strong>le</strong>s subtilités dévalorisantes des pouvoirs politiques<br />

des indépendances. Dans l’aventure de Fama, <strong>le</strong> tragique se situe au<br />

niveau d’une impossib<strong>le</strong> réconciliation entre la panique des cités et<br />

des bidonvil<strong>le</strong>s, et <strong>le</strong> refuge quasi-impossib<strong>le</strong> des bravades inuti<strong>le</strong>s<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> village. Comme l’a remarqué Pius Ngandu Nkashama, plus<br />

d’espace de refuge car, <strong>le</strong> village et la vil<strong>le</strong> « constituent des espèces<br />

d’îlots solitaires, mal arrachés des déluges qui bou<strong>le</strong>versent <strong>le</strong>s<br />

fonctions anciennes. Peu à peu ils finissent eux aussi par disparaître<br />

progressivement, pour ne laisser subsister que <strong>le</strong>s cendres, sur<br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s s’achève la mort des individus » 144 .<br />

Chez Alpha Diarra Mandé, c’est l’habitat et l’aspect physique<br />

des personnages qui expliquent et signifient que <strong>le</strong> village est un<br />

espace de troub<strong>le</strong> et de démence. Son <strong>roman</strong>, Sahel ! Sanglante<br />

sécheresse se passe entièrement <strong>dans</strong> <strong>le</strong> village Lea, ravagé par la<br />

sécheresse. L’architecture de l’habitat de ce village morne et<br />

agonisant évoque un monde en ruine, où tout s’affa<strong>le</strong> :<br />

« La case était basse, on eût dit une bergerie effondrée. <strong>Les</strong><br />

murs éventrés laissaient passer des faisceaux de lumière crue.<br />

La porte centra<strong>le</strong> était cassée, <strong>le</strong> toit affaissé. Seuls, <strong>le</strong>s piliers<br />

latéraux tenaient encore. L’ensemb<strong>le</strong> avait l’aspect d’une icône<br />

défoncée au sommet […] "dangereux, ce taudis." Le toit branlant<br />

pouvait céder d’un moment à l’autre. Un coup de vent, et l’on se<br />

retrouverait sous <strong>le</strong>s décombres. Boua ne pouvait se tenir droit,<br />

144 P. Ngandu Nkashama, Kourouma et <strong>le</strong> mythe. Une <strong>le</strong>cture de <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des<br />

Indépendances d’Ahmadou Kourouma, Paris, Si<strong>le</strong>x, 1985, p. 76.<br />

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