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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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Moumvouka <strong>le</strong> village de Maman-Fol<strong>le</strong>-Nationa<strong>le</strong> et lui sourire<br />

aux lèvres chantait l’hymne national : vivat Lopez, à bas<br />

Carvanso. » 119<br />

Martillimi Lopez est radieux et tout heureux de rentrer au<br />

village natal après quarante années passées à la magistrature<br />

suprême de son pays. Même au cours de l’exercice de son pouvoir<br />

<strong>dans</strong> un palais moderne, il ne manque pas d’éprouver de temps en<br />

temps de la nostalgie pour son village natal. Un jour, en raison d’un<br />

ma<strong>le</strong>ntendu avec <strong>le</strong> personnel de son cabinet, il décide de<br />

démissionner de ses fonctions de Président de la République et de<br />

rentrer au village :<br />

« – D’accord, prenez votre pouvoir de merde. Moi je retourne au<br />

village planter <strong>le</strong>s macaronis. Il ramasse ses onze pantalons<br />

kaki, ses onze paires de pantouf<strong>le</strong>s, son autre paire de<br />

brodequin et […] il ramasse ses trois cents médail<strong>le</strong>s de ma<br />

guerre contre <strong>le</strong>s communistes, son coupe-coupe don personnel<br />

de Mao Tsé-Toung, il charge sa camionnette lui-même parce que<br />

je ne vois pas ce que vous enviez au président. » 120<br />

Le pouvoir de Martillimi Lopez en outre tire ses racines du<br />

village car la cité qui symbolise son pouvoir, construite au cours de<br />

son règne, est bâtie à l’endroit exact où sa mère a enterré son<br />

placenta. A l’occasion de ses noces, il fait visiter aux délégations<br />

internationa<strong>le</strong>s l’endroit où il est né et déclare : « pas de connerie : ce<br />

lieu est un lieu de culte. » 121 Lorsqu’il s’écrou<strong>le</strong> après un coma de<br />

plusieurs mois, c’est <strong>dans</strong> la cathédra<strong>le</strong> qu’il a construite <strong>dans</strong> son<br />

village natal que se dérou<strong>le</strong> la cérémonie funèbre. Le colonel Jescani<br />

« <strong>le</strong> fait envelopper <strong>dans</strong> un suaire en or et <strong>le</strong> couvre de diamants. Il<br />

dépose son corps <strong>dans</strong> la cathédra<strong>le</strong> Maman-Nationa<strong>le</strong>, au village de<br />

119 S. Labou Tansi, L’Etat honteux, op. cit., p. 157.<br />

120 Idem, p. 58.<br />

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