23.06.2013 Views

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

greniers gorgés de mil, de maïs et de poissons fumés, nous<br />

mettaient à l’abri des disettes. Notre village était grand. Nous<br />

étions heureux. » 103<br />

Dans ce passage prédominent <strong>le</strong>s possessifs « nos » et « notre »<br />

qui marquent un lien intrinsèque entre <strong>le</strong>s personnages et ce<br />

micromonde presque parfait. Malheureusement en quelques instants,<br />

la vie des habitants de ce village idyllique bascu<strong>le</strong> <strong>dans</strong> l’horreur<br />

parce qu’ils sont surpris un matin par des esclavagistes venus du<br />

nord qui <strong>le</strong>s arrachent de ce lieu hospitalier pour une destination<br />

inconnue. Au cours de <strong>le</strong>ur voyage de calvaire, l’opposition entre un<br />

espace hospitalier, <strong>le</strong> village, et <strong>le</strong> reste du monde, considéré comme<br />

un espace inhospitalier, est faite au travers du champ sémantique<br />

des éléments du paysage.<br />

Après Létrogo, en effet, la caravane débouche sur « la grande<br />

savane qui, en ce début de saison sèche offrait un spectac<strong>le</strong> de grande<br />

désolation avec sa brousse desséchée et jaunissante et ses arbres<br />

effeuillés » 104 , contrastant avec la forêt de Létrogo, « si riche, si<br />

verdoyante, si accueillante et surtout vivante. » 105 <strong>Les</strong> autres endroits<br />

cités lors de <strong>le</strong>ur voyage sont d’abord un cours d’eau où « de grosses<br />

mouches noires, de nombreuses abeil<strong>le</strong>s d’un jaune sa<strong>le</strong> grouillaient<br />

sur <strong>le</strong>s tas d’immondices jonchant <strong>le</strong>s rives et <strong>le</strong>s ruisseaux » 106 . A ce<br />

spectac<strong>le</strong> sinistre et lugubre s’ajoute « une myriade de petits papillons<br />

aux cou<strong>le</strong>urs ternes [qui] tourbillonnaient au-dessus des différents<br />

foyers de pourriture » 107 . Ce qui est une fois de plus en parfaite<br />

opposition avec ce qu’on peut rencontrer <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur monde idyllique.<br />

Parce qu’à Létrogo, <strong>le</strong>s scènes de vols de papillons « constituaient des<br />

spectac<strong>le</strong>s attrayants et hauts en cou<strong>le</strong>ur. » 108<br />

Ensuite une colline aux pentes raides et un plateau qui<br />

103 E. Goyémidé, Le Dernier survivant de la caravane, op. cit., p. 32.<br />

104 Idem, p. 49.<br />

105 Idem, p. 50.<br />

106 Idem, p. 54.<br />

107 Ibidem.<br />

108 Ibidem.<br />

50

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!