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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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Par cet acte, ils permettent l’installation des étrangers <strong>dans</strong><br />

<strong>le</strong>ur espace avec <strong>le</strong>s conséquences positives et négatives qui en<br />

décou<strong>le</strong>ront. A la phase crucia<strong>le</strong> qui correspond à l’écrou<strong>le</strong>ment de cet<br />

ensemb<strong>le</strong> ayant existé depuis de temps immémoriaux, Achebe crée<br />

autour d’Okonkwo un monde de solitude, tragique au fur et à mesure<br />

que l’on tourne <strong>le</strong>s pages. Le monde d’Okonkwo devient à l’image du<br />

monde « démonique » que Georg Lukács décrit <strong>dans</strong> La Théorie du<br />

<strong>roman</strong> au travers des rapports de la psychologie du héros <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

champ d’activité « démonique », un « monde abandonné de Dieu [et<br />

qui] se dévoi<strong>le</strong> tout-à-coup comme privé de substance, mélange<br />

irrationnel, dense et poreux à la fois » 100 où « ce qui semblait <strong>le</strong> plus<br />

ferme se brise comme de l’argi<strong>le</strong> sèche sous <strong>le</strong>s coups de l’individu<br />

possédé de démon » 101, et fina<strong>le</strong>ment,<br />

« la vide transparence qui laissait entrevoir des paysages de<br />

rêve se change brusquement en une paroi de verre à laquel<strong>le</strong>,<br />

victime d’une vaine et incompréhensib<strong>le</strong> torture, se heurte<br />

comme l’abeil<strong>le</strong> à la vitre, sans réussir à la percer, sans même<br />

percevoir qu’il n’est pas ici de chemin. » 102<br />

D’une manière similaire à ce qui se produit <strong>dans</strong> Things Fall<br />

Apart, au début de Le Dernier survivant de la caravane d’Etienne<br />

Goyémidé, <strong>le</strong> village Létrogo est sublimé :<br />

« Niché au confluent des rivières Kossi et Yingou, en cet endroit,<br />

<strong>le</strong>s ga<strong>le</strong>ries forestières des deux cours d’eau constituaient une<br />

véritab<strong>le</strong> forêt aux arbres gigantesques, au feuillage dense et<br />

perpétuel<strong>le</strong>ment vert, aux lianes innombrab<strong>le</strong>s qui n’en<br />

finissaient de bondir […]. Nos champs de patates douces,<br />

d’ignames et de taros ne cessaient de repousser la forêt. Nos<br />

99 G. Lukács, La Théorie du <strong>roman</strong>, op. cit., p. 147.<br />

100 Idem, p. 26.<br />

101 Ibidem.<br />

102 Ibidem.<br />

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