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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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pas évoqués au moment où <strong>le</strong> personnage se trouve à Paris et où son<br />

déchirement atteint son paroxysme. Tout s’est passé <strong>dans</strong> son pays<br />

natal.<br />

Néanmoins, partir en Europe reste l’unique moyen de<br />

découvrir l’espace européen et <strong>le</strong> Blanc au sens p<strong>le</strong>in du terme. De<br />

prime abord, <strong>le</strong> monde occidental est, aux yeux du fou et de Samba<br />

Diallo <strong>dans</strong> L’Aventure ambiguë, l’univers « <strong>dans</strong> <strong>le</strong>quel s’interposent<br />

entre l’homme et son milieu l’objet, la matière » 924 . Il est constitué des<br />

espaces où l’artificiel prédomine. Il est surtout l’espace<br />

d’encombrement et des fou<strong>le</strong>s si<strong>le</strong>ncieuses, des formes géométriques,<br />

des bruits cacophoniques et agressifs, de la monotonie et de<br />

l’indifférence. Cet univers correspond à « l’incommunicabilité,<br />

l’insensibilité [et au] dessèchement intérieur » 925. Il y a donc une<br />

dichotomie entre l’espace social <strong>africain</strong> et l’espace social européen.<br />

Car l’espace social <strong>africain</strong>, non envahi par <strong>le</strong>s signes du pouvoir<br />

politique moderne, est <strong>le</strong> « monde […] ouvert sur la nature conçue<br />

comme force, énergie, à laquel<strong>le</strong> l’homme se sent intimement lié » 926.<br />

Sous-jacentes au problème d’intégration des personnages<br />

<strong>africain</strong>s <strong>dans</strong> l’espace dont la nature <strong>le</strong>ur est hosti<strong>le</strong>, sont posées<br />

éga<strong>le</strong>ment des interrogations sur <strong>le</strong>s meurt-de-faim <strong>dans</strong> un espace<br />

international qui broie « <strong>le</strong>s damnés de la terre » ou <strong>le</strong>s condamne à<br />

ne vivre que <strong>dans</strong> la précarité. Il est remarquab<strong>le</strong> de voir comment <strong>le</strong><br />

traitement de ce sujet a subi une grande évolution <strong>dans</strong> la production<br />

<strong>roman</strong>esque <strong>africain</strong>e. L’Impasse de Daniel Biyaoula évoque ainsi<br />

avec acuité <strong>le</strong>s nouveaux rapports qu’entretiennent <strong>le</strong>s sujets<br />

postcoloniaux à <strong>le</strong>ur corps dès lors qu’ils sont projectés <strong>dans</strong> l’espace<br />

dominé par l’Autre. L’originalité de Daniel Biyaoula est qu’il situe ses<br />

personnages <strong>dans</strong> un cadre <strong>spatio</strong>-temporel où <strong>le</strong> regard de l’Autre, <strong>le</strong><br />

Blanc, l’ancien colonisateur, s’est assombri. Ce sont des sujets<br />

postcoloniaux qui usent désormais de plusieurs procédés, sans<br />

924 M.R. Sanvee, Le Sens du Sacré <strong>dans</strong> la littérature <strong>africain</strong>e d’expression<br />

française de 1928 à1968 : Poésie et Roman, op. cit., p. 303.<br />

925 Ibidem.<br />

926 Ibidem.<br />

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