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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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politiques <strong>dans</strong> une société pourrie dont ils sont pratiquement<br />

responsab<strong>le</strong>s. Cette décrépitude mora<strong>le</strong> et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> est<br />

symbolisée <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>roman</strong> par <strong>le</strong>s excréments et la pourriture.<br />

Ainsi, après avoir vu <strong>le</strong> beau et <strong>le</strong> laid – cela représente aussi<br />

<strong>le</strong> mal et <strong>le</strong> bien –, après avoir entendu des sons cacophoniques (<strong>le</strong><br />

moteur de l’autocar) et mélodieux (<strong>le</strong> chant de l’oiseau), la triste<br />

réalité vient s’imposer avec force : « Oyo, <strong>le</strong>s yeux des enfants à son<br />

retour du travail, et surtout l’infinie certitude du néant douloureux que<br />

pouvait seu<strong>le</strong>ment lui offrir <strong>le</strong> reste de sa vie. » 905 Ce constat très amer<br />

est la thèse de l’auteur qui pense, à la lumière des grandes lignes de<br />

son <strong>roman</strong>, que <strong>le</strong> monde est naturel<strong>le</strong>ment pourri et qu’il n’y a donc<br />

pas de possibilité de dépassement.<br />

Séry Bailly et Kolawo<strong>le</strong> Ogungbesan ont unanimement<br />

reconnu que <strong>le</strong> <strong>roman</strong> s’organise autour de l’idée de voyage. Un<br />

véhicu<strong>le</strong> arrive au début et un autre s’en va à la fin. Le véhicu<strong>le</strong> du<br />

début que l’on peut appe<strong>le</strong>r (A) et <strong>le</strong> véhicu<strong>le</strong> de la fin, <strong>le</strong> (B), se<br />

positionnent aux deux extrémités d’une ligne droite. A l’intérieur de<br />

cet interval<strong>le</strong> ouvert à gauche et à droite, l’homme ne fait que se<br />

déplacer de son lieu de travail à son domici<strong>le</strong> ou à celui du Maître.<br />

Quelquefois, il est chez Koomson ou chez sa bel<strong>le</strong>-mère où il revient<br />

fortement troublé et humilié. Sa femme, Oyo, voit la vie comme une<br />

course où il y a ceux qui aiment conduire et ceux qui en ont peur, à<br />

l’instar de son mari. Ceux qui aiment conduire comme Koomson<br />

mènent un haut train de vie, alors que ceux qui ont peur de conduire<br />

comme son mari condamnent <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> à rester sur place ou à<br />

recu<strong>le</strong>r.<br />

S’appuyant sur l’idée de voyage qui implique forcément un<br />

début et une fin, Séry Bailly souligne que « <strong>le</strong> <strong>roman</strong> nous semb<strong>le</strong><br />

dominé par l’idée du cerc<strong>le</strong>. En plus des deux véhicu<strong>le</strong>s, dont l’un<br />

904 M. Folarin, « An additional Comment on Ayi K, Armah’s The Beautiful Ones<br />

Are Not Yet Born »,in African Literature Today, n°5, p.122.<br />

905 A.K. Armah, The Beautiful Ones Are Not Yet Born, op. cit., p. 183. « Oyo, the<br />

eyes of the children after six o’clock, the office and every day, and above all<br />

the never-ending know<strong>le</strong>dge that this aching emptiness would be all that<br />

remaineder of his own life could offer him. »<br />

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