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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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en même temps vers <strong>le</strong>ur père qui est aux Cieux. » 864<br />

Comme pour signifier que derrière un malheur peut se cache<br />

un autre malheur plus atroce, son père, qui s’occupait de lui tant<br />

bien que mal en dépit de sa santé délicate, meurt, lui aussi à<br />

quarante ans. La vie de Bohi Di bascu<strong>le</strong> alors <strong>dans</strong> <strong>le</strong> cauchemar.<br />

N’ayant plus de soutien pour lui permettre de poursuivre ses études<br />

ne serait-ce que jusqu’au niveau du certificat d’études primaire<br />

comme <strong>le</strong> voulait ardemment son père, il quitte d’abord l’éco<strong>le</strong>, puis<br />

son village. « Je ne savais où al<strong>le</strong>r », reconnaît-il, « mais j’étais décidé<br />

à vivre ma vie, à ne plus servir de souffre-dou<strong>le</strong>ur aux adultes, à ne<br />

plus travail<strong>le</strong>r pour rien, et surtout à ne plus me laisser battre pour un<br />

oui, pour un non. » 865 Commence ainsi pour Bohi Di, un ado<strong>le</strong>scent d’à<br />

peine quinze ans, une vie d’errance solitaire <strong>dans</strong> la nature. « Ce fut<br />

un dur apprentissage de la liberté », dit-il :<br />

« Je vivais <strong>dans</strong> la nature. J’en avais rêvé depuis longtemps. Je<br />

me plaisais à dormir partout où <strong>le</strong> sommeil me prenait, à<br />

découvrir <strong>le</strong> jour à sa naissance, à admirer la douce apparition<br />

de la lune au crépuscu<strong>le</strong>. Je suivais pendant de longues heures<br />

<strong>le</strong> déplacement d’un nuage <strong>dans</strong> <strong>le</strong> ciel. J’écoutais <strong>le</strong><br />

bruissement des feuillages, je sentais et me réjouissais de la<br />

caresse du vent sur mon visage. J’avais pour moi, pour moi tout<br />

seul, tous <strong>le</strong>s trésors de la nature. Je me sentais <strong>le</strong> plus<br />

heureux des humains, j’ignorais ce mot, mais je crois que je<br />

l’étais, car j’éprouvais un amour infini pour la vie. Plus<br />

personne ne s’occupait de moi, je n’avais rien à recevoir, rien à<br />

sacrifier. Je me sentais sous la protection de mes ancêtres. Et<br />

cela était bien ainsi. » 866<br />

Mais cette errance, inspirée sur <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> rousseauiste, sera<br />

864 A. Fantouré, Le Cerc<strong>le</strong> des Tropiques, op. cit., p. 22.<br />

865 Idem, p. 24.<br />

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