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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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à une passation de service, sauf que <strong>le</strong> président évincé n’est pas<br />

présenté ni <strong>le</strong>s situations qui ont conduit à son départ explicitées, <strong>le</strong><br />

narrateur substitue <strong>le</strong> « nous » col<strong>le</strong>ctif au « il » de l’individuel ou de<br />

l’énonciation hétérodiégétique. C’est <strong>le</strong> « il » du président qui devient<br />

l’actant : « il poussa son grand rire de père […] il traça à main <strong>le</strong>vée <strong>le</strong>s<br />

nouvel<strong>le</strong>s dimensions de la patrie […] il associa <strong>le</strong>s médias à cette<br />

décision […] il signa à l’encre rouge la décision » 862 . Par <strong>le</strong> jeu ou <strong>le</strong><br />

passage de « nous » et du « il », plusieurs consciences s’éclipsent ainsi<br />

et cèdent <strong>le</strong>ur place à la conscience individuel<strong>le</strong>. Le « je » du narrateur<br />

homodiégétique au « je » qui peut à la fois exprimer une ou plusieurs<br />

consciences se bouscu<strong>le</strong>nt aussi <strong>dans</strong> <strong>le</strong> texte de Sony Labou Tansi.<br />

Le « je », vague et diffus du début du texte, qui désignait <strong>le</strong> peup<strong>le</strong><br />

opprimé, s’éclaircit progressivement et désigne à un moment de<br />

l’histoire un acteur de cette oppression. A la page soixante-deux, un<br />

élément de la milice de Martillimi Lopez qui a demandé à commander<br />

un peloton d’exécution s’exprime en « je » et donne toute l’amp<strong>le</strong>ur de<br />

ces exécutions horrib<strong>le</strong>s :<br />

« J’ai commandé <strong>le</strong> peloton qui a exécuté notre frère Esperancio.<br />

Nous devions sortir de la vil<strong>le</strong>. Il a parlé. Je ne voulais pas<br />

entendre. Mais <strong>le</strong>s mots ont pris mes oreil<strong>le</strong>s. Je <strong>le</strong>s entends<br />

encore […]. En fait je m’étais choisi. Parce que je ne voulais pas<br />

qu’ils <strong>le</strong> mettent en petits morceaux comme ils l’ont fait pour<br />

mon-colonel Diégo Dorso, je ne voulais pas qu’ils <strong>le</strong> déchirent en<br />

deux comme ils ont déchiré Dorzibanso […]. <strong>Les</strong> gars sont prêts.<br />

Ils n’attendent que moi. Mais la voix me manque.<br />

– Garde à vous ! Attention : en position !<br />

Tout est prêt mon Dieu tout est prêt. Au revoir Esperancio. Je<br />

veux que <strong>le</strong>s choses se passent vite. Mais je n’arrive pas. Ma<br />

voix s’est éteinte. Esperancio comprend mon émotion et sourit.<br />

Lui-même a crié " feu " et <strong>le</strong>s gars ont tiré. Il est tombé. » 863<br />

862 S. Labou Tansi, L’Etat honteux, op. cit., p. 10-11.<br />

863 Idem, p. 62-64.<br />

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