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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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notations <strong>temporel<strong>le</strong>s</strong> ne sont plus, « l'écriture d'une aventure », mais<br />

d'une façon plus comp<strong>le</strong>xe, « l'aventure d'une écriture. » 860 Il y a bien<br />

<strong>dans</strong> L'Etat honteux une cohérence <strong>dans</strong> l'histoire de la vie de<br />

Martillimi Lopez en dépit de son incohérence linéaire et de<br />

l'imprécision <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s notations <strong>temporel<strong>le</strong>s</strong>.<br />

Ce système temporel où <strong>le</strong>s événements se répètent sur un<br />

modè<strong>le</strong> du pire à l’illusion de changement pour de nouveau retomber<br />

au pire, c’est aussi cet espace clos où <strong>le</strong>s oppresseurs et <strong>le</strong>s opprimés<br />

s’enferment. En déréglant <strong>le</strong> système temporel, Sony Labou Tansi<br />

implique <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> tout entier <strong>dans</strong> ce qu’il est devenu. Ce n’est pas<br />

seu<strong>le</strong>ment Martillimi Lopez qui doit avoir honte de son Etat qui est<br />

honteux, mais c’est aussi <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> <strong>dans</strong> son ensemb<strong>le</strong> qui doit avoir<br />

honte de ses dirigeants et de lui-même, à cause des bou<strong>le</strong>versements<br />

profonds des va<strong>le</strong>urs socia<strong>le</strong>s dont l’amélioration n’est pas pour<br />

demain.<br />

L’emploi que l’auteur fait des pronoms « je », « il » et « nous » en<br />

est une des explications de la corruption qui est à l’intérieur de l’être,<br />

donc de tous <strong>le</strong>s citoyens qui ont pour pays « L’Etat honteux ».<br />

L’entrée triomphaliste <strong>dans</strong> la capita<strong>le</strong> de Martillimi Lopez est<br />

racontée à la troisième personne du pluriel, ce qui signifie que c’est <strong>le</strong><br />

peup<strong>le</strong> tout entier qui est en action :<br />

« Nous <strong>le</strong> conduisîmes du village de Maman Nationa<strong>le</strong> à la<br />

capita<strong>le</strong> […]. Nous <strong>le</strong> conduisîmes au milieu des chants […]. Le<br />

peup<strong>le</strong> allait à pied […]. Nous portions ses ustensi<strong>le</strong>s de cuisine<br />

[…]. Nous chantions ses louanges. Nous étendions nos pagnes<br />

sur son passage. Nous lui fîmes visiter la capita<strong>le</strong> […]. Nous<br />

l’emmenâmes à Vatney, la cité du pouvoir. » 861<br />

Subitement, à la page dix qui suit ce qui pourrait s’apparenter<br />

859 J.S. A<strong>le</strong>xis « Débat autour des conditions d’un <strong>roman</strong> chez <strong>le</strong>s noirs. Où va<br />

<strong>le</strong> <strong>roman</strong> ? », in Présence Africaine, n° XIII, avril-mai 1957, p. 100.<br />

860 J. Ricardou, Problèmes du nouveau <strong>roman</strong>, Paris, Seuil, 1971, p. 11<br />

861 S. Labou Tansi, L’Etat honteux, op. cit., p. 7-9.<br />

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