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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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Cet aspect est mis en évidence par <strong>le</strong>s « trous » perceptib<strong>le</strong>s<br />

<strong>dans</strong> l’histoire du règne de Martillimi Lopez. En effet, l’histoire de<br />

quarante années du règne de Martillimi Lopez contient des « trous »,<br />

alors que <strong>le</strong> récit lui donne l’illusion qu’el<strong>le</strong> n’en comporte pas. Ce qui<br />

fait que <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur éprouve des difficultés s’il veut retrouver <strong>le</strong>s<br />

principaux segments narratifs du récit, en d’autres termes, s’il veut<br />

suivre l’enchaînement logique de cette histoire. <strong>Les</strong> indications du<br />

temps linéaire manquent de concordance. A la page onze, <strong>le</strong> narrateur<br />

commence <strong>le</strong> récit ainsi : «Voici l’histoire de Matillimi Lopez [...] nous <strong>le</strong><br />

conduisîmes du village de Maman-Nationa<strong>le</strong> à la capita<strong>le</strong> où il n’était<br />

jamais venu avant, jamais de sa vie. » 851 Après une quinzaine de<br />

pages de <strong>le</strong>cture, une autre indication nous est fournie : « Mais voici<br />

la vraie histoire de Maillimi Lopez, fils de Maman- Nationa<strong>le</strong>. » 852 Il y a<br />

donc <strong>dans</strong> <strong>le</strong> texte « une histoire » de Martillimi Lopez et « une vraie<br />

histoire » du même personnage. Le temps linéaire est, en fonction de<br />

ces deux réalités, complètement déréglé; cependant, <strong>le</strong> récit est réglé<br />

<strong>dans</strong> son dérou<strong>le</strong>ment. Le mouvement narratif est perturbé <strong>dans</strong> son<br />

enchaînement. En effet, Gérard Genette 853 distingue quatre formes<br />

principa<strong>le</strong>s du mouvement narratif :<br />

– Pause : (Temps du récit = n, Temps de l’histoire = 0)<br />

– Scène : (Temps du récit = Temps de l’histoire)<br />

– Sommaire : (Temps du récit < Temps de l’histoire)<br />

– Ellipse : (Temps du récit = 0, Temps de l’histoire = n)<br />

La dernière forme narrative, à savoir l’ellipse, se caractérise<br />

par l’absence de récit sommaire, de la pause descriptive, et par<br />

conséquent, <strong>le</strong> temps de l’histoire est élidé. L’étude séquentiel<strong>le</strong> de<br />

L’Etat honteux peut se réduire en une seu<strong>le</strong> séquence comportant au<br />

début l’avènement au pouvoir de Martillimi Lopez, et, à la fin, <strong>le</strong><br />

850 J. Cauvin, Comprendre <strong>le</strong>s Contes, Paris, Saint-Paul, 1980, p. 13<br />

851 S. Labou Tansi, L’Etat honteux, op. cit., p. 11.<br />

852 Idem, p. 23.<br />

853 G. Genette, Figure III, op. cit., p. 130.<br />

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