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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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du règne honteux de Martillimi Lopez, et ana<strong>le</strong>ptique du fait qu’il peut<br />

être considéré comme <strong>le</strong> résumé de règne du président fait par un<br />

narrateur omniscient qui rappel<strong>le</strong> tout ce qu’il sait de ce personnage.<br />

Le rappel du passé et sa projection <strong>dans</strong> <strong>le</strong> futur induisent à<br />

considérer l’incipit du <strong>roman</strong> de Sony Labou Tansi comme une<br />

pro<strong>le</strong>pse sur ana<strong>le</strong>pse et ceci en raison des indications fournies sur<br />

Martillimi Lopez, « venu au monde en se tenant la hernie, parti de ce<br />

monde toujours en se la tenant » 840 . L’image de malformation physique<br />

amène à considérer <strong>le</strong> personnage à vue d’œil comme n’étant pas<br />

prédisposé à assumer convenab<strong>le</strong>ment ses fonctions de Président de<br />

la République.<br />

Mais <strong>dans</strong> <strong>le</strong> récit, tout rebondit, car Martillimi Lopez ne<br />

manque pas de vitalité. Il assume avec aisance ses responsabilités et<br />

prend des décisions dictatoria<strong>le</strong>s. Sa hernie, vue au départ comme<br />

une anomalie, devient <strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de son autorité. Avec un ton<br />

viru<strong>le</strong>nt, humoristique et grotesque, Sony Labou Tansi crée des liens<br />

métaphoriques entre cette hernie et la patrie. Ainsi, la hernie se<br />

décline sur plusieurs significations. El<strong>le</strong> symbolise en même temps la<br />

honte et l’autorité, la patrie et <strong>le</strong> pouvoir, et laisse place « à lire <strong>le</strong><br />

grand <strong>dans</strong> <strong>le</strong> petit » 841 comme <strong>le</strong> dit Gaston Bachelard à propos du<br />

poète qui peut voir <strong>le</strong> grand <strong>dans</strong> <strong>le</strong> détail.<br />

Sur <strong>le</strong> plan chronologique, ce qui est encore plus déroutant,<br />

c’est <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> narrateur ne fournisse aucune indication<br />

temporel<strong>le</strong> qui permette de situer à quel<strong>le</strong> date Martillimi Lopez<br />

accède au pouvoir. Il est donc impossib<strong>le</strong> dès <strong>le</strong> début de savoir en<br />

quel<strong>le</strong> année Martillimi Lopez a accédé au pouvoir. Certes <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

récit, quelques indications <strong>temporel<strong>le</strong>s</strong> figurent, mais el<strong>le</strong>s ne<br />

renseignent pas clairement sur la durée du règne de Martillimi Lopez.<br />

A la page 113, il est dit vaguement qu’un « théâtre de la vil<strong>le</strong> de<br />

Yamba-City est venu jouer au palais pour <strong>le</strong> quarante-neuvième<br />

839 S. Labou Tansi, L’Etat honteux, op. cit., p. 7.<br />

840 Idem, p. 7.<br />

841 G. Bachelard, Poétique de l’espace [1957], Paris, PUF, 1978, p. 159.<br />

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