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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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CHAPITRE XI : PERVERSION ET BROUILLAGE DU TEMPS CHEZ<br />

SONY LABOU TANSI ET ALIOUM FANTOURE<br />

humour :<br />

Lors d’un entretien, Amadou Hampaté Bâ affirme avec<br />

« La chronologie n’étant pas <strong>le</strong> premier souci des <strong>roman</strong>ciers<br />

<strong>africain</strong>s, qu’ils soient traditionnels ou familiaux, je n’ai pas<br />

toujours pu dater exactement, à un ou deux ans près <strong>le</strong>s<br />

événements racontés sauf lorsque des événements extérieurs<br />

connus me permettaient de <strong>le</strong>s situer. Dans <strong>le</strong> récit <strong>africain</strong> où<br />

<strong>le</strong> passé est revécu comme une expérience présente, hors du<br />

temps en quelque sorte ; il y a parfois un certain chaos qui gêne<br />

<strong>le</strong>s esprits occidentaux mais où nous nous retrouvons<br />

parfaitement. Nous y évoluons à l’aise, comme des poissons<br />

<strong>dans</strong> une mer où <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s se mê<strong>le</strong>nt pour former un tout<br />

vivant. » 834<br />

Si l’on en croit l’érudit malien, l’indifférence à la chronologie<br />

serait l’un des signes littéraires de la littérature <strong>africain</strong>e. Cependant,<br />

cette prise de position, justifiab<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> contexte <strong>africain</strong> où la<br />

temporalité, tel<strong>le</strong> que vécue par <strong>le</strong>s Occidentaux, apparaît toujours<br />

comme un système imposé depuis la colonisation, ne doit pas<br />

occulter <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> <strong>roman</strong>, par rapport aux autres arts comme la<br />

peinture et la sculpture qui sont directement saisis <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur totalité,<br />

est avant tout un récit (discours). A ce sujet, Jean Hytier définit <strong>le</strong><br />

<strong>roman</strong> comme « une œuvre de langage qui se dérou<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

temps » 835. Il implique à cet effet une succession de mouvement et<br />

doit donc se dérou<strong>le</strong>r <strong>dans</strong> <strong>le</strong> temps avant d’être saisi <strong>dans</strong> son<br />

ensemb<strong>le</strong>. On ne peut donc pas concevoir un <strong>roman</strong> a-chronologique.<br />

Dans Esthétique et théorie du <strong>roman</strong>, Mikhaïl Bakhtine a<br />

834 A.H. Bâ, Amkoullèl, l’enfant peul (Mémoire I), Ar<strong>le</strong>s, Actes Sud, 1992, p. 14.<br />

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