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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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marabout Abdoulaye, el<strong>le</strong> se libère de la prison <strong>dans</strong> laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s<br />

événements qui ont caractérisé son excision l’ont encerclée. El<strong>le</strong> cesse<br />

en même temps d’être victime ; el<strong>le</strong> peut à son tour être agresseur ou<br />

jouer <strong>le</strong> jeu des agresseurs. El<strong>le</strong> retournera, après son acte criminel,<br />

« consulter <strong>le</strong> marabout qu’el<strong>le</strong> avait poignardé avec <strong>le</strong> couteau rouge<br />

de sang de coq sacrifié » 829, et contre toute attente, « Abdoulaye ne la<br />

crispait plus, ne puait plus Tiécoura. » 830 «Guérie » puisque<br />

débarrassée des coquil<strong>le</strong>s qui l’empêchaient d’accepter la masculinité<br />

et la féminité comme des données naturel<strong>le</strong>s, « pour la première fois,<br />

[el<strong>le</strong>] supportait un autre homme » 831 que son mari affadi Fama qui<br />

symbolise la féminité. Dans <strong>le</strong> processus final d’acceptation de la<br />

masculinité et de la féminité, Salimata s’assume comme femme, ce<br />

qui lui offre la perspective d’avoir des enfants <strong>dans</strong> <strong>le</strong> futur. Ainsi, <strong>le</strong><br />

remède à sa stérilité qu’el<strong>le</strong> cherche inlassab<strong>le</strong>ment réside <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

refou<strong>le</strong>ment définitif de ses obsessions et l’acceptation de la féminité<br />

qu’el<strong>le</strong> a rejetée et enfoui <strong>dans</strong> l’inconscient.<br />

Avec <strong>le</strong> personnage Salimata, nous avons vu comment<br />

Ahmadou Kourouma a créé un passé qu’il a accordé au moment<br />

présent. En accord avec l’espace <strong>africain</strong> et ses hommes, Jean Nicolas<br />

pense avec justesse que <strong>le</strong> personnage de « Salimata peut éclairer <strong>le</strong><br />

sens général du <strong>roman</strong> si l’on veut voir en el<strong>le</strong> l’image d’une Afrique qui<br />

peut se libérer des traumatismes que furent <strong>le</strong>s viols de la traite<br />

négrière et de la colonisation, se détacher de son passé stéri<strong>le</strong> » 832<br />

incarné par Fama. Une fois débarrassée de ce passé troub<strong>le</strong>, l’Afrique<br />

peut concevoir son propre avenir, symbolisé par l’enfant que Salimata<br />

pourrait concevoir avec « des hommes comme Abdoulaye, à la fois<br />

imbu de la tradition (il est originaire de Tombouctou) et lié au<br />

modernisme (il habite la vil<strong>le</strong> et fréquente <strong>le</strong>s hommes du nouveau<br />

829 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 177.<br />

830 Ibidem.<br />

831 Idem, p. 184.<br />

832 J.-C. Nicolas, Comprendre <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances d’Ahmadou<br />

Kourouma, Paris, Saint-Paul, 1984, p. 60.<br />

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