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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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éveillant <strong>le</strong> jappement des cynocépha<strong>le</strong>s […]. Salimata se<br />

rappelait quand vint son tour, quand s’approcha la praticienne.<br />

Chauffait alors <strong>le</strong> vacarme des matrones, des opérées<br />

déchaînées, des charognards et des échos renvoyés par <strong>le</strong>s<br />

monts et <strong>le</strong>s forêts. Le so<strong>le</strong>il sortait, rougeoyait derrière <strong>le</strong>s<br />

feuillages. <strong>Les</strong> charognards surgissaient des touffes et des<br />

brouillages, appelés par <strong>le</strong> fumet du sang. Leurs vols tournaient<br />

au-dessus des têtes en poussant des cris et des croassements<br />

sauvages. La praticienne s’approcha et s’assit, <strong>le</strong>s yeux<br />

débordant de rouge et <strong>le</strong>s mains et <strong>le</strong>s bras répugnants de<br />

sang, <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> d’une cascade. Salimata se livre <strong>le</strong>s yeux<br />

fermés, et <strong>le</strong> flux de la dou<strong>le</strong>ur grimpa de l’entre-jambes au dos,<br />

au cou et à la tête, redescendait <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s genoux ; el<strong>le</strong> voulut se<br />

redresser pour chanter mais ne <strong>le</strong> put pas, <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> manqua, la<br />

cha<strong>le</strong>ur de la dou<strong>le</strong>ur tendit <strong>le</strong>s membres, la terre parut finir<br />

sous <strong>le</strong>s pieds et <strong>le</strong>s assistantes, <strong>le</strong>s autres excisées, la<br />

montagne et la forêt se renverser et vo<strong>le</strong>r <strong>dans</strong> <strong>le</strong> brouillard et <strong>le</strong><br />

jour naissant ; la torpeur pesa sur <strong>le</strong>s paupières et <strong>le</strong>s genoux,<br />

el<strong>le</strong> se cassa et s’effondra vidée d’animation » 811 .<br />

Dans ce fragment relativement long, on retient que l’univers<br />

de l’excision est caractérisé par <strong>le</strong>s sons et <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs. Ainsi, vue<br />

donc de l’intérieur, l’excision cesse immédiatement d’avoir des vertus<br />

purificatrices car el<strong>le</strong> se caractérise par des sons affolants.<br />

A ces sons effrayants s’ajoutent <strong>le</strong>s trois principa<strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs :<br />

<strong>le</strong> vert, <strong>le</strong> jaune et <strong>le</strong> rouge. El<strong>le</strong>s symbolisent l’une la forêt, et <strong>le</strong>s<br />

deux autres, <strong>le</strong> sang. Dans un premier temps, on remarque que<br />

l’itinéraire de l’excision présente un axe ascendant qui se termine par<br />

une chute apparemment prévisib<strong>le</strong> en raison de la très forte<br />

sensibilité de Salimata. A ce moment s’amorce un autre parcours<br />

psychologique qui conduit Salimata du lieu de l’excision au séjour<br />

810 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 36.<br />

811 Idem, p. 36-37.<br />

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