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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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man’s god. » 799<br />

La terrib<strong>le</strong> perspective d’annihilation pourrait ici être<br />

interprétée comme la fin du rêve d’Okonkwo, un homme qui est<br />

presque arrivé au sommet de ses rêves mais qui finit par tout perdre<br />

à cause des événements imprévus dont <strong>le</strong>s dieux apparaissent comme<br />

<strong>le</strong>s responsab<strong>le</strong>s présumés.<br />

Dans son ouvrage intitulé la Morphologie du conte, Vladimir<br />

Propp soutient que <strong>dans</strong> tous <strong>le</strong>s récits ou contes, on peut noter<br />

d’une manière généra<strong>le</strong> sept types de personnages. Parmi ces types de<br />

personnage, il y a « <strong>le</strong> héros » et « l’objet magique » 800. Okonkwo,<br />

considéré comme <strong>le</strong> héros, a pour objet de la quête la puissance et la<br />

gloire. Il souhaite à tout prix acquérir <strong>le</strong> titre <strong>le</strong> plus en vue et<br />

s’affirmer comme tel au sommet de la hiérarchie socia<strong>le</strong> et politique<br />

de son clan. A partir de ce moment, la puissance et la gloire se<br />

présentent comme « l’objet magique » et peuvent être considérées<br />

comme un actant <strong>dans</strong> <strong>le</strong> récit. Tout actant peut agir avec ses propres<br />

caprices, et c’est ce que semb<strong>le</strong> ignorer Okonkwo.<br />

A l’apogée de son ascension socia<strong>le</strong>, Okonkwo fait bon ménage<br />

avec son objet magique. Il fait partie d’une société secrète, <strong>le</strong>s<br />

egwugwu, dont <strong>le</strong> masque sacralise. Il devient ainsi un dieu et<br />

éprouve un plaisir fantastique à promener son masque lors des<br />

occasions spécia<strong>le</strong>s et à se faire admirer par <strong>le</strong>s membres de son clan<br />

qui <strong>le</strong> considèrent sous <strong>le</strong> masque comme un esprit. Il compte ainsi<br />

parmi <strong>le</strong>s neuf dirigeants, dont chacun représente un village du clan<br />

d’Umuafio. Mais par suite d’un accident grave, il perdra son prestige<br />

social acquis par des efforts personnels et ne parviendra plus à<br />

imposer son autorité.<br />

799 C. Achebe, Things Fall Apart, op. cit., p. 133. « Okonkwo sentit un frisson<br />

glacé <strong>le</strong> traverser à cette terrib<strong>le</strong> perspective, semblab<strong>le</strong> à la perspective de<br />

l’annihilation. Il se vit lui-même et ses pères, se rassemblant en fou<strong>le</strong> autour<br />

de <strong>le</strong>ur sanctuaire ancestral pour attendre en vain adoration et sacrifices, et<br />

ne trouvant rien d’autres que <strong>le</strong>s cendres des jours disparus, et ses enfants,<br />

pendant ce temps-là, qui prieraient <strong>le</strong> dieu de l’homme blanc. »<br />

800 V. Propp, Morphologie du conte, Paris, Seuil, 1965, p. 47.<br />

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