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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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à moins que ce ne soient des émotions mâ<strong>le</strong>s. » 795<br />

Affirmer sa masculinité avec vigueur est pour <strong>le</strong> héros l’unique<br />

clé ouvrant la porte de l’oligarchie des seigneurs du clan. Cette<br />

obsession se transforme subitement en un travers qui pousse <strong>le</strong> héros<br />

à haïr sans discernement tout ce qui pourrait lui rappe<strong>le</strong>r son père. Il<br />

éprouvera pour cette raison que de la haine à l’endroit de son propre<br />

fils Nwoye, pensant que ce jeune garçon est une femel<strong>le</strong> incapab<strong>le</strong> de<br />

succès comme son propre père à lui. Au cours d’une soirée par<br />

exemp<strong>le</strong>, il ne se prive pas de faire devant son invité Obierika à<br />

l’endroit de cet enfant cette remarque b<strong>le</strong>ssante : « il tient trop de sa<br />

mère 796 » 797, et son invité, sans hésiter d’abonder <strong>dans</strong> <strong>le</strong> même sens<br />

péjoratif, « beaucoup de son grand-père » 798 dont on sait qu’il<br />

représente aux yeux de tous <strong>le</strong>s membres de son clan une femel<strong>le</strong>.<br />

La haine qu’Okonkwo nourrit à l’endroit de son propre fils<br />

atteindra son paroxysme au <strong>le</strong>ndemain de sa conversion au<br />

christianisme, une religion « femel<strong>le</strong> », qui est pour <strong>le</strong> héros synonyme<br />

de folie. Cette conversion de son propre fils à la religion qu’il combat<br />

assombrit alors tout son univers et <strong>le</strong> précipite <strong>dans</strong> un état<br />

d’évidente annihilation qu’il refuse avec force d’admettre :<br />

« Okonkwo felt a cold shudder run through him at the terrib<strong>le</strong><br />

prospects, like the prospect of annihilation. He saw himself and<br />

his fathers crowding round the ancestral shrine waiting in vain<br />

for worship and sacrifice and finding nothing but ashes of<br />

bygone days, and his children the whi<strong>le</strong> praying to the white<br />

795 T. Melone, Chinua Achebe et la tragédie de l’Histoire, op. cit., p. 209-210.<br />

796 Comparer un homme à une femme peut sous-entendre l’impossibilité de<br />

procréation et d’avoir une descendance. Comme Thomas Melone l’a souligné<br />

<strong>dans</strong> Mongo Beti : L’Homme et <strong>le</strong> destin, en Afrique et surtout <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s<br />

sociétés patriarca<strong>le</strong>s, la continuation de la race par la présence d’un enfant<br />

mâ<strong>le</strong>, c’est la raison d’être même de la famil<strong>le</strong>. Le drame d’Okonkwo <strong>dans</strong> <strong>le</strong><br />

<strong>roman</strong> est qu’il a un mâ<strong>le</strong> qui est pour lui une femel<strong>le</strong> et ne peut donc pas<br />

continuer sa famil<strong>le</strong>.<br />

797 C. Achebe, Things Fall Apart, op. cit., p. 57. « There is too much of his<br />

mother in him. »<br />

798 Idem, p. 58. « ‘ Too much of his grandfather’ ».<br />

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