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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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desséchés <strong>dans</strong> un proverbe. Okonkwo se rappelait son propre<br />

père.» 794<br />

L’obsession du héros par la mémoire triste de son père,<br />

l’attitude de refus catégorique qu’il adopte à son égard s’instal<strong>le</strong>nt en<br />

lui comme une peur ontologique, une véritab<strong>le</strong> fixation objecta<strong>le</strong> qui<br />

transforme Okonkwo en homme farouchement égocentrique au cœur<br />

dur et sec. Toute réalité ne se résumant aux yeux du héros qu’en<br />

termes d’opposition primordia<strong>le</strong> entre action et non-action, entre<br />

succès et échec. Entre ces pô<strong>le</strong>s, il n’y a pas de demi-mesure ni de<br />

position médiane ou de situations atténuantes. Okonkwo est un<br />

homme d’action, un homme de guerre et contrairement à son père, il<br />

peut supporter la vue du sang. S’il déteste tant la religion chrétienne,<br />

c’est aussi parce que cette religion recè<strong>le</strong> un fond poétique. <strong>Les</strong><br />

chrétiens sont pour Okonkwo une bande d’hommes efféminés qui<br />

aiment caqueter comme de vieil<strong>le</strong>s pou<strong>le</strong>s, et ce portrait <strong>le</strong>s rapproche<br />

de son père Unoka, poète et musicien.<br />

L’ambition du héros est de réussir <strong>dans</strong> tous <strong>le</strong>s domaines de<br />

la vie avec un tel éclat que sa propre image oblite à jamais cel<strong>le</strong> de<br />

son père, un pauvre type que tout <strong>le</strong> monde s’accorde à appe<strong>le</strong>r<br />

agbala, autrement dit « femel<strong>le</strong> ». Comme l’a parfaitement expliqué<br />

Thomas Melone :<br />

« Femel<strong>le</strong> devient ainsi pour Okonkwo synonyme de mal et<br />

mâ<strong>le</strong> synonyme de bien. Toute sa vie, Okonkwo sera poursuivi<br />

par cette idée de masculinité opposée à la féminité […]. <strong>Les</strong><br />

émotions aussi ont un sexe : il y en a de mâ<strong>le</strong>s, comme la<br />

colère, la haine, la brutalité, la vio<strong>le</strong>nce […]. D’une manière<br />

généra<strong>le</strong>, Okonkwo n’aime pas exposer ses émotions au public,<br />

793 C. Achebe, Things Fall Apart, op. cit., p. 10. « Okonkwo ru<strong>le</strong>d his household<br />

with a heavy hand. His wives, especially the youngest, lived in perpetual fear<br />

of his fiery temper, and so did his litt<strong>le</strong> children. »<br />

794 Idem, p. 17. « Everybody laughed heartily except Okonkwo, who laughed<br />

uneasily because, as the saying goes, an old woman is always uneasy when<br />

dry bones are mentioned in a proverb. Okonkwo remembered his own father.»<br />

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