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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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Unoka a pour fonction socia<strong>le</strong> artiste et cela donne de lui<br />

l’image de musicien et de poète. Alors qu’Okonkwo, <strong>le</strong> grand fermier,<br />

est à la fois, guerrier, travail<strong>le</strong>ur et un homme très fier de ses titres.<br />

De façon généra<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s images du social et fonctions d’Unoka<br />

tranchent nettement avec cel<strong>le</strong>s d’Okonkwo comme si à chaque image<br />

et rô<strong>le</strong> qu’aurait envisagés ref<strong>le</strong>ttés Unoka, Okonkwo cherchait son<br />

antipode. D’ail<strong>le</strong>urs Okonkwo se définit comme celui qui hait « tout ce<br />

que son père avait aimé » 792 et aime tout ce que son père a haï. Sa vie<br />

domestique ainsi que la motivation psychologique de ses actes sont<br />

ainsi dominés par <strong>le</strong> sentiment de répulsion éprouvée à l’égard de la<br />

mémoire triste de son père, comme s’il était poursuivi par son<br />

fantôme. La crainte morbide de l’image de son père, plus<br />

particulièrement du spectre de son père défunt, mais toujours<br />

présent <strong>dans</strong> sa vie, fait naître en lui des réf<strong>le</strong>xes psychologiques qui<br />

se manifestent par la tyrannie pratiquée sur <strong>le</strong>s membres de sa<br />

maisonnée. Okonkwo « régentait son foyer d’une main autoritaire. Ses<br />

femmes, en particulier la plus jeune, vivaient <strong>dans</strong> une crainte<br />

perpétuel<strong>le</strong> de son humeur coléreuse, ainsi que ses jeunes enfants » 793 ,<br />

explicite <strong>le</strong> narrateur.<br />

L’image de son père insouciant, paresseux et dépensier influe<br />

grandement sur lui. Tout ce qui peut lui rappe<strong>le</strong>r son père, non<br />

seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> gêne, mais <strong>le</strong> met <strong>dans</strong> une extrême anxiété. Obiako, un<br />

homme qui avait aussi un père insouciant et imprévoyant comme<br />

Unoka rapporte qu’il était parti un jour voir l’Orac<strong>le</strong> et que celui-ci lui<br />

avait annoncé que son père défunt souhaitait qu’il lui sacrifie une<br />

chèvre. En réponse, <strong>le</strong> drô<strong>le</strong> Obiako affirme avoir répliqué à l’Orac<strong>le</strong><br />

d’al<strong>le</strong>r demander à son père s’il avait eu un pou<strong>le</strong>t de son vivant.<br />

Cette anecdote, aussi drô<strong>le</strong> soit-el<strong>le</strong>, suscite des éclats de rire, mais<br />

« tous rirent à bon cœur à l’exception d’Okonkwo qui rit avec gêne parce<br />

que, comme on dit, une vieil<strong>le</strong> femme est gênée quand on par<strong>le</strong> d’os<br />

792 C. Achebe, Things Fall Apart, op. cit., p. 11. « [...] to hate everything that<br />

his father Unoka had loved. »<br />

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