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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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saw that there was sorrow and grief there. » 784<br />

Poltron et pauvre matériel<strong>le</strong>ment, Unoka est néanmoins un<br />

homme riche de ses dons de création musica<strong>le</strong>, ce qui <strong>le</strong> rend plaisant<br />

et sympathique à certains égards. Mais il manque d’équilibre et prend<br />

toujours la vie du bon côté. D’une manière symptomatique, il cherche<br />

à profiter de chaque jour qui passe et manque ainsi de prévoyance.<br />

« Si quelque argent lui tombait entre <strong>le</strong>s mains », et <strong>le</strong> narrateur de<br />

préciser que, « cela était rare, il achetait immédiatement des<br />

ca<strong>le</strong>basses de vin de palme, appelait ses voisins à la ronde et faisait<br />

fête. » 785<br />

La philosophie d’Unoka consiste à dire en quelque sorte qu’à<br />

chaque jour suffit son malheur ou son bonheur. C’est pourquoi, «il<br />

disait toujours que chaque fois qu’il voyait la bouche d’un mort il voyait<br />

la folie de ne pas manger ce qu’on possédait pendant qu’on était en<br />

vie.» 786 La brièveté de notre vie ennuie Unoka et au lieu de chercher <strong>le</strong><br />

refuge <strong>dans</strong> la religion ou l’acquisition des biens matériels, il crée son<br />

paradis artificiel par <strong>le</strong>s plaisirs que lui procurent <strong>le</strong> vin et la<br />

musique, retrouvant ainsi une sécurité paradisiaque.<br />

En dépit de ses dons d’artiste qui font de lui un être capab<strong>le</strong><br />

de faire rire et de pousser l’homme à la réf<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> nécessaire et<br />

<strong>le</strong> superflu, Unoka est taxé par <strong>le</strong>s siens de fainéant et de parasite,<br />

manquant de force et de virilité. Il est fina<strong>le</strong>ment surnommé agbala<br />

(synonyme de femme au sens péjoratif du terme <strong>dans</strong> sa société). De<br />

ce fait, il est la honte de sa famil<strong>le</strong> sur tous <strong>le</strong>s plans :<br />

784 Idem, p. 4. « C’est pourquoi il changea de sujet et parla de musique, et son<br />

visage s’illumina. Il pouvait entendre avec l’oreil<strong>le</strong> de l’esprit <strong>le</strong>s rythmes<br />

comp<strong>le</strong>xes et qui remuent <strong>le</strong> sang de l’ekwe et de l’udu et de l’ogene, et il<br />

pouvait entendre sa propre flûte y mê<strong>le</strong>r son chant et par interval<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s<br />

rehaussant d’une mélodie colorée et plaintive. L’effet d’ensemb<strong>le</strong> était gai et<br />

vif, mais si l’on isolait <strong>le</strong> chant de la flûte tandis qu’il montait et descendait et<br />

se brisait en courts fragments, on voyait qu’il y avait de la tristesse et de la<br />

dou<strong>le</strong>ur là-de<strong>dans</strong>. »<br />

785 C. Achebe, Things Fall Apart, op. cit., p. 2. « If any money came his way,<br />

and it seldom did, he immediately bought gourds of palm-wine, cal<strong>le</strong>d round<br />

neighbors and made merry.»<br />

786 Ibidem. « He always said that whenever he saw a dead man’s mouth he<br />

saw the folly of not eating what one had in one’s lifetime.»<br />

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