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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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mue », Daniel Biyaoula s’attache à montrer comment <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> de vie<br />

des personnages présentés au début comme des névrosés finit par<br />

avoir un impact sur Ĝakatuka pourtant lucide, diagnostiqueur et<br />

observateur au début du <strong>roman</strong>. De personnage marginal, ou s’il faut<br />

emprunter à Ambroise Kom une observation pertinente, de<br />

personnage qui « assiste en "outsider" aux événements qui se dérou<strong>le</strong>nt<br />

devant lui » 732 , Ĝakatuka finit <strong>dans</strong> la troisième partie du <strong>roman</strong><br />

après son séjour psychiatrique par s’assimi<strong>le</strong>r à ceux qu’il dénonçait,<br />

calquant <strong>le</strong>ur comportement dénaturé et dénaturant. Il accepte<br />

volontiers de soumettre son corps, à l’image de celui de ses<br />

congénères, à toute une série de transformations physiques tel<strong>le</strong>s que<br />

l’éclaircissement de la peau, <strong>le</strong> défrisage des cheveux, l’augmentation<br />

du poids jusqu’à trente kilos de plus, et, une garde-robe p<strong>le</strong>ine de<br />

vestes et de cravates.<br />

Toute cette métamorphose que <strong>le</strong> narrateur décrit sur un<br />

mode indéniab<strong>le</strong>ment ironique constitue la phase crucia<strong>le</strong> qui fait<br />

« entrer » Ĝakatuka réel<strong>le</strong>ment <strong>dans</strong> l’espace européen. Comme ses<br />

compatriotes, l’inscription de Ĝakatuka <strong>dans</strong> l’espace européen se fait<br />

par la transformation du corps. Afin de montrer comment <strong>le</strong> héros vit<br />

sa nouvel<strong>le</strong> identité, Daniel Biyaoula <strong>le</strong> présente en train de parader<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s rues de Paris :<br />

« La tête et <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s sont tenues bien hautes. <strong>Les</strong> yeux, sous<br />

<strong>le</strong>s lunettes teintées, vont à gauche, à droite, saisissent<br />

rapidement l’expression des passants. L’attitude généra<strong>le</strong> du<br />

corps pourrait paraître hiératique, mais non, il est juste droit,<br />

sans raideur aucune, et se meut comme s’il exécutait<br />

d’imperceptib<strong>le</strong>s mouvements de <strong>dans</strong>e qui lui donnent, j’en<br />

suis sûr, un brin de classe. Ça…, c’est moi qui marche <strong>le</strong> long<br />

de l’avenue de la Liberté en traînant quelque peu <strong>le</strong>s pas, tel<br />

731 D. Biyaoula, L’Impasse, op. cit., p. 181-182.<br />

732 A. Kom, « Pays, exil et précarité chez Mongo Beti, Calixthe Beyala et Daniel<br />

Biyaoula », in Actualité littéraire 1998-1999. Notre Librairie, n° 138-139,<br />

septembre-mars 2000, p. 52.<br />

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