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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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attention particulière 729. C’est sur ce type de personnage que se<br />

focalise la narration de L’Impasse, inscrivant ainsi <strong>le</strong> <strong>roman</strong> de Daniel<br />

Biyaoula <strong>dans</strong> la tendance stylistique du <strong>roman</strong> <strong>africain</strong> des années<br />

90 qui donne une visibilité accrue au type du « noceur ».<br />

Au jeune homme qui vit aux crochets d’une dame vient se<br />

superposer l’image négative de la femme <strong>africain</strong>e qui use de tous <strong>le</strong>s<br />

procédés pour attirer vers el<strong>le</strong> <strong>le</strong> regard des hommes. Dans ce<br />

contexte, apparaît de façon obsédante, <strong>le</strong> corps de femmes noires<br />

« masquées » qui provoque à chaque rencontre avec Ĝakatuka colère<br />

et nausée comme <strong>dans</strong> ces confessions intimes qui font revivre toutes<br />

<strong>le</strong>s images des femmes <strong>africain</strong>es rencontrées <strong>dans</strong> <strong>le</strong> bus :<br />

« Plusieurs fois je rencontre des Noires que je ne connais pas<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong> bus. Probab<strong>le</strong>ment des Africaines. Chaque fois que j’en<br />

vois portant son masque de carnaval ou son postiche, moi, ça<br />

me noue <strong>le</strong>s intestins. Et chaque fois, tel<strong>le</strong> une épreinte, une<br />

fol<strong>le</strong> envie de décharger mon ressentiment, mon courroux sur<br />

el<strong>le</strong>s, de <strong>le</strong>s fouail<strong>le</strong>r, d’éructer des sa<strong>le</strong>tés à <strong>le</strong>ur encontre, de<br />

<strong>le</strong>s gif<strong>le</strong>r, de <strong>le</strong>ur crier qu’el<strong>le</strong>s doivent avoir honte, qu’el<strong>le</strong>s<br />

s’enterrent vivantes, que <strong>le</strong>s artifices font d’el<strong>le</strong>s des irréalités,<br />

du toc, que c’est de fières félonnes, de véritab<strong>le</strong>s chienlits,<br />

qu’el<strong>le</strong>s m’empestent, s’empare de moi. Chaque fois je jette sur<br />

el<strong>le</strong>s des regards incendiaires. El<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong>s posent sur moi des<br />

yeux hautains, méprisants. Alors un soupir m’étreint la gorge,<br />

que j’exha<strong>le</strong> en me disant qu’il n’y a plus rien pour nous autres<br />

que du factice, qu’une chaîne de misère. Alors je regrette de ne<br />

pas avoir <strong>le</strong> pouvoir de changer tout ça, de <strong>le</strong> châtier. » 730<br />

Tout <strong>le</strong> <strong>roman</strong> est ainsi jalonné par des portraits physiques de<br />

729 Des « noceurs » des années 60 à 70, on peut citer des personnages comme<br />

<strong>le</strong> Durandeau de Kocoumbo l’étudiant noir d’Aké Loba, Bell <strong>dans</strong> La Trahison<br />

de Marianne de Bernard Nanga, Delarumba <strong>dans</strong> La Nouvel<strong>le</strong> <strong>roman</strong>ce d’Henri<br />

Lopes et Vouragan <strong>dans</strong> Le Chercheur d’Afrique toujours du dernier auteur<br />

cité.<br />

730 D. Biyaoula, L’Impasse, op. cit., p. 180-181.<br />

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