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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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« pendant six jours, je reste enfermé. Je n’ai aucune envie d’al<strong>le</strong>r<br />

dehors, de <strong>le</strong>s rencontrer, tous ces blancs qui circu<strong>le</strong>nt <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s rues<br />

sans me voir ou en me voyant trop. » 723 Placé donc entre deux mondes<br />

écrasants, il sera victime d’une folie qui se soldera par un séjour<br />

psychiatrique où il en sortira « guéri », comme il l’affirme lui-même :<br />

« Moi, je ne veux plus crever sous <strong>le</strong> poids des mots. Alors<br />

j’entends sans entendre. Je constate. Puis je vide ma tête et je<br />

n’y pense plus. Je reste superficiel. Je me transforme en zombie<br />

[…]. Dès lors, je décide d’aimer <strong>le</strong>s névroses, d’en créer, de m’y<br />

réfugier. Je pense qu’el<strong>le</strong>s me sauvegarderont de moi-même,<br />

qu’el<strong>le</strong>s me feront croire que je suis <strong>dans</strong> <strong>le</strong> vrai. Je me dis que<br />

plus el<strong>le</strong>s seront nombreuses, plus je me sentirai en accord<br />

avec mes semblab<strong>le</strong>s, et, plus ils seront contents de moi plus je<br />

serai joyeux » 724 .<br />

Malgré cette guérison, il restera jusqu’à la fin du récit sous <strong>le</strong><br />

suivi médical du docteur Malfoi sur qui repose une mission spécia<strong>le</strong> :<br />

amener <strong>le</strong> héros à assumer p<strong>le</strong>inement ses névroses.<br />

Le côté remarquab<strong>le</strong> <strong>dans</strong> l’aventure du héros ne provient pas<br />

seu<strong>le</strong>ment du fait d’être marginalisé par l’Européen, mais surtout<br />

comme <strong>le</strong> soutient Lydie Moudi<strong>le</strong>no, du « statut du noir comme<br />

spectac<strong>le</strong>. Spectac<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong> monde européen, mais aussi spectac<strong>le</strong><br />

affligeant pour <strong>le</strong> narrateur. » 725 Dans toute la première partie du<br />

<strong>roman</strong>, on voit défi<strong>le</strong>r des personnages <strong>africain</strong>s présentés comme<br />

pathétiques, notamment <strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur rapport à <strong>le</strong>ur corps et à l’espace.<br />

A l’aéroport de Roissy où commence <strong>le</strong> récit, architecture et objets<br />

sont rapidement évacués au profit des portraits de plusieurs<br />

personnages, avec pour seul objectif la mise en relief du paraître. Et<br />

ce paraître provoque la réaction vio<strong>le</strong>nte du narrateur :<br />

723 D. Biyaoula, L’Impasse, op. cit., p. 209.<br />

724 Idem, pp. 263; 267.<br />

725 L. Moudi<strong>le</strong>no, « Re-bonjour à la Négritude : la question de la "race" <strong>dans</strong> un<br />

<strong>roman</strong> des années 90, L’Impasse de Daniel Biyaoula », art. cit., p. 64.<br />

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