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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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<strong>Les</strong> études sur <strong>le</strong> <strong>roman</strong> <strong>africain</strong> se situeraient donc à contre-<br />

courant de la tradition littéraire occidenta<strong>le</strong>, car c’est plutôt la surface<br />

qui <strong>le</strong>s intéresse beaucoup plus que <strong>le</strong>s vertigineuses plongées à<br />

travers la diachronie. Pourquoi la temporalité <strong>dans</strong> <strong>le</strong> <strong>roman</strong> <strong>africain</strong><br />

ne mobilise-t-el<strong>le</strong> pas <strong>le</strong>s critiques littéraires <strong>africain</strong>s et africanistes ?<br />

L’Afrique aurait-el<strong>le</strong> une temporalité différente de cel<strong>le</strong> de l’Occident ?<br />

Le <strong>roman</strong> <strong>africain</strong> échappe-t-il à la temporalité tel<strong>le</strong> que perçue par<br />

<strong>le</strong>s Occidentaux ?<br />

Une étude récente, Histoire et fiction <strong>dans</strong> la production<br />

<strong>roman</strong>esque d’Ahmadou Kourouma 66, démontre de manière<br />

persuasive, comment des termes classiques de l’étude de la<br />

narratologie, comme <strong>le</strong> temps du récit, <strong>le</strong> temps raconté et <strong>le</strong> temps<br />

mis à raconter peuvent être relégués au second plan, au profit du<br />

temps de l’histoire et de ses relations avec l’Histoire, pour suggérer<br />

comme personnages plutôt des caricatures ou des calques des<br />

personnalités qui ont marqué l’histoire de l’Afrique. C’est sans doute<br />

<strong>dans</strong> la culture <strong>africain</strong>e, comme <strong>le</strong> fait brillamment Nelly Lecomte<br />

<strong>dans</strong> son étude citée plus haut, qu’on peut déce<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s raisons du peu<br />

d’intérêt qu’on accorde au temps <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s débats littéraires <strong>africain</strong>s.<br />

Pour A<strong>le</strong>xis Kagamé par ail<strong>le</strong>urs, il existe une perception différente du<br />

temps chez <strong>le</strong>s Africains et chez <strong>le</strong>s Occidentaux. Il écrit :<br />

« Chez <strong>le</strong>s Bantu, il n’est question que […] du temps propice à<br />

ceci et cela. Le temps ainsi marqué, individualisé par<br />

l’événement, peut être court ou long, suivant la durée de<br />

l’événement qui l’individualise [… ]. <strong>Les</strong> Bantu ont une<br />

conception identique de la classification des heures composant<br />

<strong>le</strong> jour, et <strong>le</strong>ur horloge commune est <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il […]. Ces heures<br />

sont désignées au moyen d’un fait, donc d’événement. Le temps<br />

est "estampillé", marqué par l’événement, sans <strong>le</strong>quel il serait<br />

66 P. Diandue Bi Kacou, Histoire et fiction <strong>dans</strong> l’œuvre <strong>roman</strong>esque<br />

d’Ahmadou Kourouma, Thèse de doctorat, Université de Limoges, 2003.<br />

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