23.06.2013 Views

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

excitant […]. Il y avait votre corps tout entier qui entrait en<br />

contact avec une atmosphère dense en poussière d’âmes […].<br />

Une impression de misère profonde, tota<strong>le</strong>, incurab<strong>le</strong> qu’on<br />

avait de <strong>le</strong>s voir, <strong>le</strong>s immeub<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s rares commerces de la ZUP<br />

quand on se trouvait <strong>dans</strong> la rue et qu’on avait de part et<br />

d’autre, derrière et devant soi, <strong>le</strong>s morceaux de pauvreté, de<br />

souffrance qui y étaient exposés. » 705<br />

La misère est mise en évidence par l’insistance sur la crasse,<br />

<strong>le</strong>s odeurs qui envahissent tout l’espace. Daniel Biyaoula consacre<br />

environ six pages de son <strong>roman</strong> à la description quasiment répétitive<br />

d’un immeub<strong>le</strong> géant où tout ce qui l’entoure ne se résume qu’à un<br />

seul mot : la pesti<strong>le</strong>nce.<br />

Dans tout <strong>le</strong> récit, <strong>le</strong> bruit fonctionne comme vecteur de la<br />

spatialité puisqu’il permet d’identifier <strong>le</strong>s lieux où résident ceux qui<br />

vivent <strong>dans</strong> la précarité, en particulier, <strong>le</strong>s Africains comme on <strong>le</strong><br />

perçoit lors d’une fête organisée par des Africains :<br />

« Un air de fête qu’il y avait chez Patrice Kariri. Et beaucoup de<br />

monde. Des compatriotes originaires de N’djamabidja, des amis<br />

<strong>africain</strong>s… On <strong>le</strong>s entendait depuis <strong>le</strong>s escaliers quand ils<br />

causaient ou qu’ils rigolaient. <strong>Les</strong> gars, au salon qu’ils étaient<br />

serrés <strong>le</strong>s uns contre <strong>le</strong>s autres, à discuter de football, un jeu<br />

que d’aucuns disaient inventé par <strong>le</strong>s Africains, tel<strong>le</strong>ment ils <strong>le</strong><br />

maîtrisaient, ou de la politique tout en avalant des canettes de<br />

bière. <strong>Les</strong> femmes, y en avait au salon, mais <strong>dans</strong> la cuisine<br />

surtout qu’el<strong>le</strong>s se tenaient et qu’el<strong>le</strong>s restaient plus longtemps<br />

[…] l’Afrique que ça sentait. Naturel<strong>le</strong>ment, tout ça ne pouvait se<br />

faire sans musique. Une moderne, <strong>le</strong> "Ntsué-Ntsué" pour cette<br />

année, qui passait, remuant plus ou moins <strong>le</strong>s murs de<br />

l’appartement. Et <strong>le</strong>s enfants, tout excités, allaient ici ou là.<br />

704 D. Biyaoula, Agonies, op. cit., p. 23.<br />

705 Idem, p. 12-13.<br />

357

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!