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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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même de la cité de l’homme, une étendue interdite à sa chair<br />

nue, interdite aux contacts alternés de ses deux pieds » 688 .<br />

Dans <strong>le</strong> reportage sur l’espace européen fait par <strong>le</strong> fou, on<br />

peut dégager deux ordres d’encombrement. Il y a d’abord<br />

l’encombrement de l’homme par des objets artificiels qui font de lui<br />

<strong>le</strong>ur prisonnier (chaussures, gabardines souliers, carapace, etc.) Par<br />

ces objets artificiels, la civilisation occidenta<strong>le</strong> vio<strong>le</strong> la nature de<br />

l’homme. Ensuite, l’homme de la civilisation occidenta<strong>le</strong> encombre la<br />

nature par la matière, rendant ainsi l’environnement triste et<br />

ennuyeux. Le terme asphalte évoqué suffit à lui seul pour expliquer<br />

<strong>le</strong> revêtement de la terre par la matière. De l’homme à la nature, tout<br />

est transformé pour donner naissance à un espace déshumanisé,<br />

sans « âme » et sans « vie ». L’étendue non habitée est par ail<strong>le</strong>urs<br />

« parfaitement inhumaine, vide d’homme » et « interdite aux contacts<br />

alternés des pieds » 689 .<br />

En s’encombrant et en encombrant la nature, l’homme de la<br />

civilisation occidenta<strong>le</strong> soumet son environnement entier à la<br />

mécanique. Il <strong>le</strong> vide ainsi de son énergie vita<strong>le</strong> pour en faire un objet<br />

uniquement à sa disposition, et à ses propres convenances. <strong>Les</strong><br />

images du « pays des Blancs » ne perdront jamais <strong>le</strong>ur amp<strong>le</strong>ur<br />

néfaste <strong>dans</strong> la mémoire du fou. Lorsque Samba Diallo sera de retour<br />

de Paris, <strong>le</strong> fou, lors d’une visite qu’il rend à ce dernier, insistera de<br />

nouveau sur l’opposition entre la culture de Diallobé et cel<strong>le</strong> des<br />

occidentaux, aussi sur <strong>le</strong>s effets « pervers » de la civilisation<br />

occidenta<strong>le</strong> sur l’homme :<br />

« – Maître, ils n’ont plus de corps, ils n’ont plus de chair. Ils ont<br />

été mangés par <strong>le</strong>s objets. Pour se mouvoir, ils chaussent <strong>le</strong>urs<br />

corps de grands objets rapides. Pour se nourrir, ils mettent<br />

688 C.H. Kane, L’Aventure ambiguë, op. cit., p. 100-104.<br />

689 Idem, p. 104.<br />

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