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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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main <strong>le</strong>vée <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s dimensions de la patrie […] il traça<br />

quatre lignes droites qui se rejoignaient deux à deux, laissant<br />

des parties du territoire national chez nos voisins et prenant à<br />

nos voisins des parties de <strong>le</strong>ur territoire parce que mes frères et<br />

chers compatriotes c’est la décision de ma hernie : la patrie<br />

sera carrée. Nous ne pouvons pas vivre <strong>dans</strong> un entonnoir tracé<br />

par <strong>le</strong>s colons, quand même ! quel peup<strong>le</strong> sommes-nous si nous<br />

n’avons pas <strong>le</strong> loisir de fabriquer nos frontières ? » 635<br />

La première décision que Martillimi Lopez prend en rapport<br />

avec cette décision est l’envoi des tirail<strong>le</strong>urs aux frontières pour <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> total. D’ail<strong>le</strong>urs, « "l’Acte de commandement" : artic<strong>le</strong>1 » 636,<br />

stipu<strong>le</strong> : « la patrie sera carrée » 637. Le pays se définit alors comme une<br />

prison, un espace hermétiquement verrouillé, qui se caractérise par <strong>le</strong><br />

règne de la sottise, de la « hernie », de l’arbitraire pur, pour un<br />

pouvoir sans partage. Le chef, en proie au fantasme de contrô<strong>le</strong> total,<br />

intimement lié à l’idée de propriété, considère <strong>le</strong> pays comme un bien<br />

qu’il faut s’approprier 638 . Et c’est <strong>dans</strong> cet espace de domination<br />

tota<strong>le</strong> que s’affirme et s’entérine <strong>le</strong> pouvoir dictatorial. Le chef élabore<br />

et remodè<strong>le</strong> ainsi <strong>le</strong> territoire à son usage et à son image.<br />

Un retour à l’espace référentiel de l’œuvre de Sony Labou<br />

Tansi nous semb<strong>le</strong> instructif, bien qu’il fail<strong>le</strong> reconnaître que cet<br />

auteur, comme son compatriote Henri Lopès, brouil<strong>le</strong> souvent <strong>le</strong><br />

référentiel. Il n’est donc pas inuti<strong>le</strong> à ce sujet de rappe<strong>le</strong>r que dès sa<br />

création en mai 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) avait<br />

posé pour principe que <strong>le</strong>s frontières héritées de la colonisation<br />

seraient intangib<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> s’assignait ainsi pour mission <strong>le</strong> respect de<br />

la souveraineté des chaque Etat <strong>africain</strong> indépendant au moment de<br />

sa création. Il était ainsi question d’éviter que des revendications<br />

635 S. Labou Tansi, L’Etat honteux, op. cit., p. 10.<br />

636 Idem, p. 13.<br />

637 Ibidem.<br />

638 Dans <strong>le</strong> texte, <strong>le</strong> peup<strong>le</strong>, souvent désigné métaphoriquement par pays ou<br />

patrie, est précédé de façon obsédante par <strong>le</strong>s possessifs « mon, ma ». Il est<br />

ainsi considéré comme une propriété du chef.<br />

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