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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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lui ; el<strong>le</strong> brûla <strong>le</strong>s aissel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> cou et <strong>le</strong> dos. Le so<strong>le</strong>il était déjà<br />

haut. La brume s’était envolée. Le prince des Doumbouya<br />

chercha un caillou, un bâton, un fusil, une bombe pour s’armer,<br />

tuer Vassoko, ses chefs, <strong>le</strong>s Indépendances, <strong>le</strong> monde.<br />

Heureusement pour chacun de nous, il n’y avait rien à sa<br />

portée et peut-être <strong>le</strong> garde comprit la menace, puisqu’il<br />

s’éloigna, laissant Fama pensif devant la gril<strong>le</strong> […]. Un<br />

Doumbouya, mère Doumbouya, avait-il besoin de l’autorisation<br />

de tous <strong>le</strong>s bâtards des fils de chiens et d’esclaves pour al<strong>le</strong>r à<br />

Togobala ? Evidemment non. » 632<br />

Défiant alors toutes <strong>le</strong>s forces et <strong>le</strong>s puissances du monde,<br />

Fama veut être sa propre puissance. Il veut braver tout l’univers<br />

construit à son insu, sans son contentement, et qui ne <strong>le</strong> concerne<br />

absolument pas. Roya<strong>le</strong>ment, il se met donc à traverser la frontière :<br />

« Fama, <strong>le</strong> plus tranquil<strong>le</strong>ment du monde, comme s’il entrait<br />

<strong>dans</strong> son jardin, tira la porte et se trouva sur <strong>le</strong> pont. Il<br />

redressa sa coiffure, replia <strong>le</strong>s manches de son boubou et<br />

fièrement, comme un vrai totem panthère, marcha vers l’autre<br />

bout du pont. Après quelques pas, craignant que tous ces<br />

enfants de la colonisation et des indépendances<br />

n’identifiassent son départ à une fuite, il s’arrêta et cria à tue-<br />

tête comme un possédé : "Regardez Fama ! Regardez <strong>le</strong> mari de<br />

Salimata ! Voyez-moi partir !"[…]. Le parapet n’était pas haut et<br />

sous <strong>le</strong> pont, en cet endroit, c’était la berge. <strong>Les</strong> gros caïmans<br />

sacrés flottaient <strong>dans</strong> l’eau ou se réchauffaient sur <strong>le</strong>s bancs de<br />

sab<strong>le</strong>. <strong>Les</strong> caïmans sacrés du Horodougou n’oseront pas<br />

s’attaquer au dernier descendant des Doumbouya. Vassoko<br />

n’était plus qu’à quelques pas. Fama escalada <strong>le</strong> parapet et se<br />

laissa tomber sur un banc de sab<strong>le</strong>. Il voulut faire un pas, mais<br />

632 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 189-190.<br />

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