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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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nostalgie de son pays 627 : un univers d’enfance perdu qu’il<br />

recherchera désespérément à reconquérir et à reconstruire.<br />

<strong>Les</strong> autres personnages du <strong>roman</strong> mis en situation avec Fama<br />

n’ont pas <strong>le</strong>s mêmes acceptations du territoire. Sur trois pages<br />

p<strong>le</strong>ines, lors du voyage de Fama de la capita<strong>le</strong> à Togobala, Diakité,<br />

pourtant originaire du Horodougou raconte l’histoire fabu<strong>le</strong>use et<br />

héroïque de son évasion spectaculaire de son « pays », et surtout<br />

comment son père a été ruiné <strong>dans</strong> son propre village par <strong>le</strong> parti au<br />

pouvoir. Cette histoire montre comment s’abolit <strong>dans</strong> la conscience de<br />

certains personnages la notion de l’espace historique réel, tel que<br />

vécu par eux, contrairement à ce que Fama veut qu’il soit.<br />

Fama <strong>dans</strong> son obstination conçoit <strong>le</strong> Horodougou comme une<br />

unité intemporel<strong>le</strong> qui symboliserait la résistance historique et<br />

qu’aucun phénomène au monde ne puisse bou<strong>le</strong>verser. A Togobala,<br />

après une altercation avec <strong>le</strong> délégué du parti au pouvoir, la décision<br />

qui a été prise, grâce au collège des anciens, semb<strong>le</strong> confirmer cette<br />

intemporalité du Horodougou :<br />

« Le conseil secret des anciens palabra, évoqua <strong>le</strong>s choses<br />

anciennes : Fama restera <strong>le</strong> chef coutumier, Babou <strong>le</strong> président<br />

officiel. Et <strong>le</strong>s choses furent ainsi : <strong>le</strong>s so<strong>le</strong>ils des<br />

indépendances passeront comme <strong>le</strong>s so<strong>le</strong>ils de Samory et des<br />

Toubabs, alors que <strong>le</strong>s Babou, <strong>le</strong>s Doumbouya resteront<br />

toujours à Togobala […]. Louange au Tout-Puissant ! Louange<br />

aux mânes des aïeux ! Tant que <strong>le</strong> mur ne se fend pas, <strong>le</strong>s<br />

cancrelats ne s’y mettent pas. Cancrelats des Indépendances,<br />

des partis uniques, de la révolution, vous ne pénétrerez pas,<br />

vous ne diviserez pas, vous ne gâterez pas Togobala ! Jamais !<br />

627 Il est encore d’usage <strong>dans</strong> de nombreux pays d’Afrique de désigner <strong>le</strong><br />

village natal par l’expression « <strong>le</strong> pays ». En sangö, langue nationa<strong>le</strong> de la<br />

République Centr<strong>africain</strong>e, <strong>le</strong> terme ködörö désigne à la fois <strong>le</strong> macrocosme<br />

qu’est <strong>le</strong> pays, en même temps que <strong>le</strong> microcosme qu’est <strong>le</strong> village. Un citadin<br />

qui quitte la vil<strong>le</strong> pour se rendre au village natal dira qu’il va au « pays »<br />

ködörö. A l’étranger, <strong>le</strong> Centr<strong>africain</strong> utilise <strong>le</strong> terme ködörö pour désigner <strong>le</strong><br />

macrocosme qu’est son pays.<br />

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