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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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mémoire et conscience douloureuse de quelque chose qui est révolu.<br />

Cette dou<strong>le</strong>ur est <strong>le</strong> fruit des spasmes de la vie qui se meurt <strong>dans</strong><br />

l’esprit humain. Comme l’écrit Gaston Bachelard, « <strong>le</strong> passé est la<br />

substance du présent […]. L’instant présent n’est jamais que<br />

phénomène du passé. Le passé veil<strong>le</strong> derrière <strong>le</strong> présent. » 619 Ce bon<br />

temps où un guerrier était un guerrier, où <strong>le</strong>s hommes étaient des<br />

hommes, c’est Umuofia avant son départ en exil ; c’est encore<br />

Umuofia qu’il a lui-même déstructuré en assassinant<br />

accidentel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> fils du patriarche Ezeulu.<br />

Le narrateur entremê<strong>le</strong> <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s dernières pages du récit <strong>le</strong><br />

comique et <strong>le</strong> tragique. Face aux mauvais traitements infligés à<br />

Okonkwo lors de son incarcération, on est partagé entre l’écart<br />

humoristique et <strong>le</strong> tragique. On se demande s’il faut rire ou p<strong>le</strong>urer<br />

face aux scènes d’une vio<strong>le</strong>nce inouïe que <strong>le</strong> narrateur présente à la<br />

fin de l’aventure d’Okonkwo.<br />

Un exemp<strong>le</strong> intéressant est celui des derniers jours<br />

d’Okonkwo <strong>dans</strong> son pays. Six hommes du clan Umuofia sont<br />

convoqués par <strong>le</strong> commissaire après la mise en sac de l’église<br />

d’Umuofia. Par tradition, <strong>le</strong>s six hommes d’Umuofia, dont Okonkwo,<br />

acceptent de répondre à l’invitation car disent-ils : « un homme<br />

d’Umuofia ne refuse pas une invitation. Il peut refuser de faire ce qu’on<br />

lui demande ; il ne refuse pas la demande el<strong>le</strong>-même. » 620 Ils se<br />

rendent donc chez <strong>le</strong> Commissaire de District, armés de <strong>le</strong>urs<br />

machettes.<br />

Malheureusement, ils sont arrêtés, menottés et jetés sans<br />

procès <strong>dans</strong> la sal<strong>le</strong> de garde où ils passent quatre jours de détention.<br />

Okonkwo est fouetté, et son crâne rasé contre son gré par <strong>le</strong>s kotma<br />

ou messagers de la cour. Une fois l’amende réclamée par<br />

l’administration colonia<strong>le</strong> payée, Okonkwo et ses compagnons sont<br />

libérés. Toutefois, avant de <strong>le</strong>s relâcher :<br />

619 G. Bachelard, Dia<strong>le</strong>ctique de la durée, Paris, PUF, 1963, p. 2.<br />

620 C. Achebe, Things Fall Apart, op. cit., p. 166. « ‘An Umuofia man does not<br />

refuse a call [...] He may refuse to do what he is asked ; he does not refuse to<br />

be asked’ ».<br />

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