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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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pour la plupart du temps en vase clos, <strong>le</strong>s phénomènes d’alliance que<br />

l’ethnologie et l’anthropologie ont souvent ignorés étaient des moyens<br />

qui permettaient à des tribus même ennemies de se respecter 608 .<br />

Le narrateur se contente de relater <strong>le</strong>s faits avec humour et<br />

<strong>dans</strong> un ton apparemment neutre. Cependant, <strong>le</strong>s faits décrits vers la<br />

fin de la troisième partie du <strong>roman</strong> sont ici porteurs d’une certaine<br />

idéologie. <strong>Les</strong> Blancs sont parvenus à placer un couteau sur <strong>le</strong>s<br />

choses qui tenaient <strong>le</strong>s individus ensemb<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s faire tomber en<br />

morceau. Le suicide d’Okonkwo illustre l’inadaptation du personnage<br />

positif du monde idyllique aux changements dont <strong>le</strong>s initiateurs se<br />

situent en dehors des hiérarchies jusque-là connues. Ainsi, tout en<br />

étant apparemment neutre, <strong>le</strong> narrateur de Things Fall Apart ridicu<strong>le</strong><br />

et rend comique, et comme manquant de modération, <strong>le</strong>s réactions<br />

d’Okonkwo <strong>dans</strong> son espace familier en déterritorialisation et en<br />

p<strong>le</strong>ine effervescence.<br />

<strong>Les</strong> preuves de la suprématie de l’armée colonia<strong>le</strong> britannique<br />

608 L’illustration la plus parfaite de ces alliances se trouve <strong>dans</strong> Le Dernier<br />

survivant de la caravane (p. 113-118). A l’origine, <strong>le</strong>s Dakpa et <strong>le</strong>s Lindas<br />

étaient des pires ennemis. Entre eux, c’était toujours la guerre, une guerre<br />

sans merci, atroce, qui faisait de part et d’autre de très grands ravages. Le<br />

nombre de veuves augmentait très rapidement, tandis que celui des hommes<br />

valides diminuait tout aussi rapidement. Malgré cela, <strong>le</strong>s conflits entre <strong>le</strong>s<br />

deux tribus n’en finissaient pas. Toutes <strong>le</strong>s occasions étaient bonnes pour<br />

déc<strong>le</strong>ncher de nouveaux carnages. <strong>Les</strong> veuves et <strong>le</strong>s autres femmes des deux<br />

tribus se concertèrent à l’insu de <strong>le</strong>urs maris, et décidèrent de mettre un<br />

terme à ces guerres stupides, dispensatrices de désolations, et qui ne<br />

profitaient à aucune des deux parties. A l’occasion d’un nouveau conflit, <strong>le</strong>s<br />

femmes averties élaborèrent rapidement <strong>le</strong>ur plan. Au petit matin du jour<br />

convenu pour la batail<strong>le</strong>, toutes <strong>le</strong>s femmes des deux camps, suivies de <strong>le</strong>urs<br />

enfants, précédèrent <strong>le</strong>urs maris vers <strong>le</strong>s lieux prévus pour <strong>le</strong> combat. Quand<br />

<strong>le</strong>s belligérants arrivent sur <strong>le</strong>s lieux, ils sont surpris par la présence des<br />

femmes et des enfants sur <strong>le</strong> champ de batail<strong>le</strong>. <strong>Les</strong> chefs des deux tribus<br />

intiment l’ordre aux femmes de quitter <strong>le</strong> champ de batail<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>urs<br />

rejetons. Mais <strong>le</strong>s femmes s’assirent sur place et <strong>le</strong>ur doyenne se lève et va,<br />

accompagnée de deux petits enfants, une fil<strong>le</strong>tte et un garçon issus des deux<br />

tribus se placer entre <strong>le</strong>s deux armées et fait part aux belligérants et à tout <strong>le</strong><br />

monde présent part de <strong>le</strong>ur préoccupation, et surtout des effets néfastes de la<br />

guerre qui entredéchirait <strong>le</strong>s deux tribus. Un pacte de sang comme traité de<br />

paix fut signée entre <strong>le</strong>s deux tribus qui deviennent désormais des amis. Le<br />

pacte de sang entre ces deux tribus n’est pas seu<strong>le</strong>ment un simp<strong>le</strong> accord. Il<br />

est un rite sacré et quiconque <strong>le</strong> transgresse peut subir une mort fata<strong>le</strong>. Signé<br />

par une femme, ce rite est un éclairage ethnologique sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de la femme<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>s sociétés <strong>africain</strong>es traditionnel<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> ne symbo<strong>le</strong> pas toujours la<br />

soumission, mais joue souvent un rô<strong>le</strong> fondamental, d’une grande<br />

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