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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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socio-historique, apparaissant comme l’une des explications<br />

plausib<strong>le</strong>s de l’effondrement du monde idyllique d’Okonkwo. Dans la<br />

société traditionnel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> présent est conçu comme la répétition du<br />

passé qui se réalise sans cesse <strong>dans</strong> <strong>le</strong> présent. <strong>Les</strong> jeunes<br />

générations prennent la relève des anciennes et <strong>le</strong>s réincarnent. Le<br />

passé, remontant aux débuts des temps, ab initio, n’est donc jamais<br />

déclaré mort. Il est sans cesse ressuscité <strong>dans</strong> <strong>le</strong> présent, tout en<br />

remontant au début des temps. C’est un passé mythique qui fonde et<br />

justifie <strong>le</strong>s structures socia<strong>le</strong>s, donnant un avenir aux contours<br />

confus. Comme <strong>le</strong>s vieux prêchent qu’il ne faut faire que ce qu’ont fait<br />

<strong>le</strong>s ancêtres, et <strong>le</strong>s jeunes ne doivent que faire ce que font <strong>le</strong>s vieux.<br />

<strong>Les</strong> représentations circulaires sont ainsi en parfaites corrélation avec<br />

une continuité temporel<strong>le</strong> qui est assurée de génération en génération<br />

et qui induit des relations réciproques.<br />

Aux jeunes générations est inculqué <strong>le</strong> respect à l’égard des<br />

vieux, <strong>le</strong> père doit aussi respecter, en un sens, en son enfant qui est<br />

son aïeul qui survit. Cette référence représente, selon Pierre Erny,<br />

« l’axe vertical qui situe l’homme <strong>dans</strong> <strong>le</strong> temps, non seu<strong>le</strong>ment par<br />

rapport à ceux qui l’ont précédé, mais aussi à ceux qui vont <strong>le</strong><br />

suivre. » 606 <strong>Les</strong> différentes générations qui se succèdent incarnent <strong>le</strong><br />

temps qui se perdure et se continue ; une attitude à l’égard du temps<br />

qui maintient <strong>le</strong>s morts parmi <strong>le</strong>s vivants et <strong>le</strong> passé <strong>dans</strong> <strong>le</strong> présent.<br />

A partir du chapitre quinze de Things Fall Apart, <strong>le</strong>s<br />

représentations circulaires deviennent quasi inexistantes. Nous ne<br />

sommes plus en présence d’une ordonnance circulaire établie à partir<br />

d’un centre fixe, mais plutôt devant une organisation spatia<strong>le</strong> moins<br />

poétique, plutôt traumatisant pour <strong>le</strong> héros. C’est à ce moment<br />

qu’Obierika, venu à Mbanta pour voir son ami en exil, lui fait des<br />

comptes rendus sur ce qui se produit à Umuofia et <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s pays aux<br />

a<strong>le</strong>ntours. Il est question du clan Abame qui a été complètement<br />

détruit lors d’une expédition punitive de l’armée britannique. A<br />

605 A. Kagamé, La Philosophie bantu comparée, op. cit., p. 178.<br />

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