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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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« Le so<strong>le</strong>il chauffait à blanc, nous brûlait <strong>le</strong> corps ; persévérant<br />

<strong>dans</strong> <strong>le</strong>ur tyrannie, ses rayons devenaient un calvaire. Je<br />

ha<strong>le</strong>tais, mesurais mètre après mètre ma progression, calculais<br />

la position du so<strong>le</strong>il, inventoriais <strong>le</strong>s douloureuses<br />

boursouflures de mes paumes teintées de sang. Un liquide,<br />

mélange sa<strong>le</strong> de transpiration et de terre, bétonnait mes mains<br />

aux doigts recroquevillés par l’effort. Couvert de sueur, bientôt<br />

devenue crasse, je rêvais à l’eau de la rivière. Et pourtant je ne<br />

m’arrêtais pas de cultiver. » 587<br />

La brûlure des rayons du so<strong>le</strong>il participe à l’évocation<br />

pathétique de la misère, et aux souffrances infligées à un jeune qui<br />

n’a pas encore atteint l’âge d’accomplir des travaux très pénib<strong>le</strong>s.<br />

L’élément naturel ici joint ses propres tourments à ceux de<br />

l’oppression socia<strong>le</strong>.<br />

Avant de clore cette analyse, une remarque s’impose. Pour<br />

décrire <strong>le</strong> monde absurde et sans issu allant de la période colonia<strong>le</strong><br />

jusqu’aux <strong>le</strong>ndemains des indépendances, Ahmadou Kourouma et<br />

Alioum Fantouré ont la prédi<strong>le</strong>ction pour <strong>le</strong>s images du so<strong>le</strong>il. Il<br />

symbolise <strong>le</strong> monde de l’improductivité, de la sécheresse mora<strong>le</strong> et<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. En revanche, Wo<strong>le</strong> Soyinka <strong>dans</strong> The Interpreters<br />

privilégie <strong>le</strong>s images de l’eau (du f<strong>le</strong>uve et de la mer et surtout de la<br />

pluie). La pirogue et <strong>le</strong> bateau en dérive, associés au f<strong>le</strong>uve et à la<br />

mer, la pluie qui tombe et détruit tout sur son passage, symbolisent<br />

un monde où rien ne tient, où <strong>le</strong> naufrage guette <strong>le</strong>s embarqués en<br />

permanence ; un monde <strong>dans</strong> <strong>le</strong>quel on court à tout moment <strong>le</strong> risque<br />

d’être égaré et perdu. Comme la mer où l’on se perd et l’on crie au<br />

secours en vain parce qu’on est égaré <strong>dans</strong> <strong>le</strong>s immensités d’un<br />

espace incommensurab<strong>le</strong> ; <strong>le</strong> monde que <strong>le</strong>s Interprètes de Wo<strong>le</strong><br />

Soyinka tentent d’expliquer ressemb<strong>le</strong> davantage à une embarcation<br />

lourde et mal dirigée. <strong>Les</strong> pluies diluviennes annoncent la catastrophe<br />

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