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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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assoiffait l’univers pour justifier <strong>le</strong>s malsains orages des fins d’après-<br />

midi. » 583<br />

Ou encore, la lumière provenant des matériels d’invention<br />

humaine comme <strong>dans</strong> <strong>le</strong> passage où <strong>le</strong> narrateur explique qu’il n’y a<br />

plus de nuit <strong>dans</strong> la capita<strong>le</strong> parce que « (<strong>le</strong>s lampes é<strong>le</strong>ctriques […]<br />

éclairent toute la nuit <strong>dans</strong> la capita<strong>le</strong>.) » 584 Le so<strong>le</strong>il qui ne se couche<br />

plus est au cœur de la confusion temporel<strong>le</strong> <strong>dans</strong> la capita<strong>le</strong> de la<br />

Côte des Ebènes, rendant la nuit semblab<strong>le</strong> au jour.<br />

Puis <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il est temporalisé et spatialisé. Il désigne alors tour<br />

à tour une unité <strong>spatio</strong>-temporel<strong>le</strong>, un espace circonscriptib<strong>le</strong> ou un<br />

temps donné. Le début des malheurs de Salimata est indiqué par <strong>le</strong><br />

so<strong>le</strong>il : « à cette nuit succéda un so<strong>le</strong>il maléfique, pendant <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> ne<br />

souffla point, un jour de malheur qu’el<strong>le</strong> traversa, <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s tendues à<br />

ses pensées et lorsque <strong>le</strong> jour tomba, el<strong>le</strong> comprit Allah, convint son<br />

sort. » 585 Décrivant <strong>le</strong> monde absurde issu de la colonisation, Fama<br />

use d’un humour remarquab<strong>le</strong> en affirmant que « par ces durs so<strong>le</strong>ils<br />

des Indépendances, travail<strong>le</strong>r honnêtement et faire de l’argent tient du<br />

mirac<strong>le</strong>, et <strong>le</strong> mirac<strong>le</strong> appartient à Allah seul qui par ail<strong>le</strong>urs distingue<br />

<strong>le</strong> bien du mal. » 586 Le so<strong>le</strong>il, pris métaphoriquement désigne ici une<br />

unité <strong>spatio</strong>-temporel<strong>le</strong>. Enfin, <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il désigne <strong>le</strong> système politique et<br />

<strong>le</strong>s dirigeants : « <strong>Les</strong> so<strong>le</strong>ils sur <strong>le</strong>s têtes, tous ces vo<strong>le</strong>urs et menteurs,<br />

tous ces éhontés ne sont-ils pas <strong>le</strong> désert bâtard où doit mourir <strong>le</strong><br />

f<strong>le</strong>uve Doumbouya ? » s’interroge Fama, exaspéré par l’invasion quasi<br />

tota<strong>le</strong> de la politique <strong>dans</strong> son territoire, <strong>le</strong> Horodougou.<br />

Chez Alioum Fantouré, c’est <strong>le</strong> schème de brûlure, symbo<strong>le</strong> de<br />

la souffrance qui semb<strong>le</strong> vouloir expliquer la ruine d’un ordre<br />

préférab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> qui a donné naissance à un monde d’infertilité, de<br />

l’infécondité et de l’improductivité. Le récit commence par l’évocation<br />

d’une journée de travail très pénib<strong>le</strong> où <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il dessèche et tyrannise<br />

<strong>le</strong> jeune Bohi Di :<br />

583 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., p. 11.<br />

584 Idem, p. 100.<br />

585 A. Fantouré, Le Cerc<strong>le</strong> des Tropiques, op. cit., p. 32.<br />

586 Idem, p. 26.<br />

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