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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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accentue <strong>le</strong>s aspects pathétiques de la misère des chômeurs<br />

assemblés près du port où el<strong>le</strong> abat des personnages faméliques :<br />

« Nous étions, comme d’habitude, des centaines de chômeurs<br />

amassés devant l’entrée du port de Porte Océane lorsqu’une<br />

pluie sans merci s’abattit sur nous. Nous nous dispersions<br />

pendant que <strong>le</strong>s trombes d’eau trempaient nos guenil<strong>le</strong>s. <strong>Les</strong><br />

plus chanceux trouvaient un refuge sous <strong>le</strong>s vérandas, <strong>le</strong>s<br />

autres s’agglutinaient sous <strong>le</strong>s arbres. En quelques minutes, <strong>le</strong>s<br />

eaux avaient creusé d’innombrab<strong>le</strong>s rigo<strong>le</strong>s <strong>dans</strong> <strong>le</strong> terrain<br />

vague. En cette période pluvieuse, nous semblions encore plus<br />

désespérés. Nos haillons sa<strong>le</strong>s dégageaient une odeur putride.<br />

La cou<strong>le</strong>ur de notre peau s’était peu à peu transformée en<br />

dépotoir de poussières rouges et de crasses visqueuses de<br />

transpiration. A nous voir, on aurait dit que nous sortions d’un<br />

autre monde, d’un autre sièc<strong>le</strong>. » 571<br />

L’image maléfique de la pluie sera reprise à la fin du récit par<br />

<strong>le</strong> narrateur. Dans <strong>le</strong> cauchemar du héros vers la fin de son aventure<br />

picaresque, l’expression symbolique de ses angoisses macabres est un<br />

déluge qui entraîne un raz-de-marée de boue qui inonde <strong>le</strong> chemin<br />

emprunté par une fou<strong>le</strong> de personnes en perdition. Cette boue finit<br />

par envahir toute la vil<strong>le</strong>, puis el<strong>le</strong> la détruit :<br />

« La pluie s’était mise à tomber pendant des jours et des nuits.<br />

<strong>Les</strong> eaux avaient recouvert notre chemin, puis el<strong>le</strong>s avaient<br />

monté. Peu à peu, la route est devenue boueuse. La boue nous<br />

montait jusqu’au genoux, des gens mouraient pendant que sur<br />

nos têtes apparaissaient <strong>le</strong>s charognards qui volaient,<br />

planaient sur nous avant de se poser pour se réga<strong>le</strong>r des<br />

cadavres de nos compagnons que nous n’avions plus la force<br />

570 A. Kourouma, <strong>Les</strong> So<strong>le</strong>ils des Indépendances, op. cit., pp. 25, 26-27.<br />

571 A. Fantouré, Le Cerc<strong>le</strong>s des Tropiques, op. cit., p. 40.<br />

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