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Les figures spatio-temporelles dans le roman africain subsaharien ...

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malpropre, gluante et sa<strong>le</strong> :<br />

« La pluie avait monté l’avenue jusqu’au cimetière, mais là,<br />

soufflée par <strong>le</strong> vent, el<strong>le</strong> avait reculé et hésitait à nouveau, mais<br />

déjà des éclaircies brillaient sur la lagune et <strong>le</strong> cimetière<br />

dégageait […]. Vers la mer, la pluie grondante soufflée par <strong>le</strong><br />

vent revenait, réattaquait au pas de course d’un troupeau de<br />

buff<strong>le</strong>s. <strong>Les</strong> premières gouttes mitraillèrent et se cassèrent sur<br />

<strong>le</strong> minaret […]. Le tonnerre cassa <strong>le</strong> ciel, enflamma l’univers et<br />

ébranla la terre et la mosquée. Dès lors, <strong>le</strong> ciel comme si on l’en<br />

avait empêché depuis des mois, se déchargea, déversa des<br />

torrents qui noyèrent <strong>le</strong>s rues. » 570<br />

<strong>Les</strong> nombreuses pluies qui traversent <strong>le</strong> récit sont souvent<br />

interprétées comme des signes précurseurs de la fatalité : la colère<br />

d’Allah ou <strong>le</strong>s bou<strong>le</strong>versements de l’histoire. On peut <strong>le</strong>s comparer à<br />

l’harmattan qui afflige <strong>le</strong>s hommes, <strong>le</strong>s animaux et toute la nature. La<br />

pluie et l’harmattan se lisent donc comme des signes évidents de<br />

l’apocalypse qui plane en permanence sur <strong>le</strong> monde <strong>dans</strong> <strong>le</strong>quel vit<br />

Fama et ceux qui font son histoire. Le feu et <strong>le</strong> déluge pouvant<br />

signifier l’anéantissement inéluctab<strong>le</strong> de l’univers. On dirait donc que<br />

chaque fois que <strong>le</strong>s forces de l’univers se manifestent, el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> font<br />

toujours <strong>dans</strong> des vio<strong>le</strong>nces excessives et meurtrières, comme si plus<br />

aucun ordre ne pouvait être sollicité par aucun équilibre possib<strong>le</strong>.<br />

Lorsque Salimata offre un sacrifice afin de conjurer la stérilité,<br />

la pluie s’impose à la circonstance comme <strong>le</strong> signe même de la<br />

vio<strong>le</strong>nce de la nature, vio<strong>le</strong>nce qui s’est acharnée sur el<strong>le</strong>, depuis la<br />

douloureuse excision. Ce qui rend l’interprétation qu’en donne <strong>le</strong><br />

marabout Abdoulaye plus fantaisiste. Tout est p<strong>le</strong>in de signes qui<br />

annoncent un autre signe incontestab<strong>le</strong> aussi : <strong>le</strong> bou<strong>le</strong>versement de<br />

l’univers.<br />

Dans Le Cerc<strong>le</strong> des Tropiques, c’est encore la pluie qui<br />

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